L’Association des pilotes de ligne ALPA Canada a exprimé son profond désaccord à l’égard de plusieurs recommandations contenues dans le rapport Élever la concurrence dans l’aviation, récemment publié par le Bureau de la concurrence du Canada.
Cette étude de marché, qui vise à stimuler la concurrence dans le secteur aérien, a déjà suscité des réactions vives de la part de plusieurs transporteurs canadiens, dont Air Canada, WestJet et Porter. De son côté, ALPA Canada tire la sonnette d’alarme sur ce qu’elle considère comme une vision réductrice et potentiellement dommageable pour l’ensemble de l’écosystème aérien canadien.
« Le Bureau de la concurrence adopte une approche beaucoup trop étroite en mettant la priorité sur la concurrence, sans tenir compte des réalités complexes et des défis structurels de l’aviation au Canada », a affirmé le président d’ALPA Canada, le capitaine Tim Perry. Selon lui, il est erroné d’associer automatiquement concurrence et accessibilité : « La concurrence n’est pas synonyme de voyages aériens abordables. Les ressources du Canada devraient plutôt servir à mettre en place des politiques qui renforcent véritablement nos compagnies aériennes, au bénéfice des passagers et de l’économie nationale. »
L’une des recommandations les plus controversées du rapport concerne l’assouplissement des règles entourant le cabotage – soit l’ouverture du marché intérieur canadien à des transporteurs étrangers. Une orientation que l’ALPA rejette catégoriquement.
« La proposition du Bureau de collaborer avec d’autres pays pour lever les restrictions à la concurrence étrangère, et ainsi permettre aux transporteurs étrangers d’opérer des vols domestiques au Canada, est une proposition perdante-perdante », a dénoncé le capitaine Perry. « Cette idée trahit les Canadiens en sacrifiant notre souveraineté aérienne – celle qui nous relie d’un océan à l’autre – tout en externalisant les retombées économiques générées par des entreprises détenues et exploitées par des Canadiens. »
L’ALPA a souligné qu’un tel modèle permettrait aux compagnies étrangères de se concentrer uniquement sur les routes les plus rentables, mettant en péril les liaisons régionales essentielles à la cohésion territoriale et à la vitalité économique des communautés éloignées. Pour ALPA Canada, les conséquences seraient majeures : « Permettre le cabotage, sous quelque forme que ce soit, est une idée irréaliste et dangereuse. Cela désavantagerait nos transporteurs, fragiliserait les emplois canadiens bien rémunérés et ouvrirait la porte à une concurrence déloyale. »
En conclusion, le capitaine Perry a invité les décideurs et les citoyens à rester vigilants : « Les Canadiens doivent voir ce rapport pour ce qu’il est : une tentative d’affaiblir nos emplois, nos entreprises et nos intérêts nationaux. »