Voyager avec un enfant autiste n’est pas toujours de tout repos mais demeure néanmoins source de plaisir et de moments uniques. À plus forte raison depuis que l’industrie du voyage s’adapte à cette réalité. Témoignage.
Celeste Hamilton a toujours aimé voyager avec son fils de huit ans, Kaylan. En tant que mère célibataire, cette enseignante de méditation et scientifique de formation attribue ses nombreux voyages avec son fils aux liens étroits qu’elle entretient avec lui, depuis un premier séjour au Japon alors que Kaylan n’avait que 13 mois.
Au fil des années, un nouveau rituel est né : un grand voyage, juste tous les deux, chaque été pendant environ 10 jours. De la Colombie au Portugal en passant par la Croatie, Celeste et Kaylan sont ainsi déterminés à explorer le monde, ensemble. Et ce n’est pas un diagnostic d’autisme qui les arrêtera.
Un diagnostic de longue date
« Nous avons découvert que Kaylan avait un trouble du spectre de l’autisme (TSA) lorsqu’il avait environ quatre ans, dit Celeste Hamilton. Il peut être surstimulé et avoir du mal à s’autoréguler dans un environnement occupé ou chaotique avec beaucoup de monde. »
Bien sûr, « occupé » et « chaotique » vont souvent de pair avec la réalité des voyages, mais cela n’a pas empêché Celeste Hamilton ni son fils de voyager à l’étranger. Cela signifie simplement qu’il faut réduire certaines activités et prendre quelques mesures supplémentaires pour répondre aux besoins de Kaylan.
« Je me limite généralement à un site, une activité ou une visite par jour et je laisse le reste de la journée libre, dit la mère voyageuse. Il en résulte un bon équilibre entre repos et activités chaque jour, afin que nous ne nous sentions pas pressés ou fatigués pendant le voyage. Je sais que mon fils aime se détendre avec des jeux vidéo après une journée bien remplie, et j’apprécie également avoir du temps pour ma méditation, donc le tout s’équilibre bien. »
Des défis récurrents
Mais étant donné que l’autisme est une condition neurodéveloppementale, quelques défis surgissent inévitablement pendant leurs voyages, dont la plupart tournent autour de la nourriture.
« Mon fils est très difficile quand vient le temps de passer à table, alors j’apporte toujours des collations qu’il aime dans notre valise et je m’arrête dans les épiceries pendant nos voyages pour acheter des produits de base, poursuit Celeste Hamilton. Mais c’est parfois difficile de trouver suffisamment de “vraie nourriture”. La solution : se laisser « porter par le courant » et se donner beaucoup de flexibilité.
L’importance de se donner du temps
Celeste Hamilton assure que ce qui fait une grande différence dans ses journées est de réserver des visites, des transferts et des guides privés personnalisés, ou des visites de petits groupes qui peuvent permettre à Kaylan de se reposer et de manger. Pour se donner du temps seule avec elle-même – et offrir à Kaylan la chance d’interagir avec d’autres enfants – elle recommande également de profiter des clubs pour enfants, comme celui proposé à l’hôtel où ils ont séjourné en Croatie.
« Ce club était super car mon fils avait hâte de jouer avec les autres enfants et de participer à des activités amusantes pendant quelques heures, dit la mère. Si j’avais été plus proactive dans ma planification, j’aurais aussi pu me réserver un massage pendant ce temps en solo. »
Bien sûr, depuis des années, les clubs pour enfants sont la norme, dans les complexes tout compris, avec leur large gamme d’activités et de commodités pour les jeunes clients, des arts aux jeux vidéo en passant par les soirées cinéma et les sports nautiques. Mais pour les familles comme celle de Celeste Hamilton, certains complexes comme les Beaches Resorts offrent l’avantage supplémentaire d’être certifiée pour l’autisme.
Les complexes Beaches, adaptés aux autistes
Partie intégrante de Sandals Resorts International, Beaches Resorts est devenu en 2017 la première chaîne de complexes de villégiature à être désignée comme Centre certifié pour l’autisme.
Quelques années plus tard, en 2019, la bannière est également devenue la première à obtenir la désignation de Centre avancé certifié pour l’autisme de l’International Board of Credentialing and Continuing Education Standards.
Aujourd’hui, les trois propriétés Beaches – à Turks & Caicos, Negril et Ocho Rios – intègrent les premiers camps pour enfants adaptés à l’autisme des Caraïbes. Des membres de l’équipe y sont spécialement formés et sensibilisés à la réalité des autistes, tandis que les complexes cumulent plus des 2 000 heures de formation en garde d’enfants dans le cadre de l’adhésion de Beaches à l’International Nanny Association.
Des parents réjouis
Selon Heather Effs, responsable du divertissement chez Beaches Resorts, les commentaires positifs des parents ont été « incroyables » au cours des sept dernières années, depuis que Beaches a introduit ses programmes et services adaptés à l’autisme.
« Ils apprécient particulièrement que tout soit conçu pour répondre aux besoins spécifiques de leur enfant, dit-elle. Les habitudes alimentaires peuvent être personnalisées dans l’un des 20 restaurants en parlant à un préposé du Beaches Culinary Concierge sur place. Même notre programme de sports nautiques peut offrir des sorties de plongée adaptées aux autistes », explique Heather Effs.
« Et il n’y a rien de plus gratifiant que de voir un invité autiste – qu’il s’agisse d’un tout-petit, d’un adolescent ou même d’un jeune adulte – essayer quelque chose de nouveau pendant son séjour chez nous », poursuit la responsable.
Des détails qui n’en sont pas
Si certains trouvent qu’essayer un nouveau plat ou sauter dans la piscine pour la première fois n’est qu’un détail, ce n’est pas le cas des autistes. « Pour eux, ces changements sont souvent des défis et réussir à les surmonter sont des moments vraiment inoubliables, pour les familles et pour les membres de notre équipe », ajoute Heather Effs.
Celeste Hamilton chérit particulièrement toutes ces « premières fois » en sachant à quel point ces nouvelles expériences sont significatives pour son fils.
« Lors de notre dernier voyage en Croatie, nous avons fait notre première excursion en bateau autour des îles de Solta et de Brac et notre guide privé a appris à mon fils à piloter le bateau, dit la mère. J’adore voir ses yeux s’illuminer lorsqu’il apprend quelque chose de nouveau sur un pays, une culture ou des gens, comme lors de notre premier vol en hélicoptère, de la découverte de la fabrication du café dans une plantation ou de celle des vieux bâtiments et des rues pavées d’Europe ».
Un enfant sur 50 diagnostiqué
Selon Autism Speaks Canada, un enfant sur 50 est diagnostiqué comme étant aux prises avec le spectre de l’autisme. .
Ces dernières années, l’industrie du voyage au Canada a donc pris plusieurs mesures pour accueillir les personnes autistes et ayant d’autres besoins particuliers. Par exemple, l’aéroport de Pearson de Toronto s’est associé à Autism Ontario et Magnusmode pour fournir des ressources adaptées à l’autisme et à la neurodiversité, y compris des « Cartes » qui offrent des instructions, étape par étape, pour toutes les activités de l’aéroport.
Le programme Sunflower, qui offre un moyen discret d’identifier les passagers ayant des handicaps invisibles et qui peuvent nécessiter une assistance supplémentaire, a été adopté par Air Canada, au début de l’année.
Ailleurs, des destinations s’adaptent elles aussi à la réalité autistique en prévoyant de multiples services, programmes et avantages, comme c’est le cas de Myrtle Beach, en Caroline du Nord, une « destination respectueuse de l’autisme » depuis 2016.
Sensibiliser les conseillers en voyages
Mais la route vers des voyages sans accroc pour les familles avec des enfants autistes commence bien avant leur arrivée à l’aéroport, comme Celeste Hamilton peut en témoigner. Lors de la phase de réservation, celle-ci assure qu’il est important de trouver un agent de voyages à la fois intuitif et proactif.
« Je pense que c’est une bonne pratique pour le conseiller en voyages de poser des questions – donc, de ne pas supposer – et d’être ouvert à écouter les demandes et préférences des clients », dit-elle.
« J’aime aussi que les agents de voyage préviennent les guides locaux des besoins de mon fils afin qu’ils sachent à quoi s’attendre et que tout le monde soit sur la même longueur d’onde, poursuit-elle. La communication ouverte est essentielle. »