30 janvier 2023 – Jusqu’à très récemment, le tourisme n’était pas vraiment une chose populaire en Arabie saoudite.

Ce n’est qu’en 2019 que le pays a commencé à délivrer un véritable visa touristique, invitant pour la première fois les visiteurs à explorer leur pays à des fins non religieuses. Ceux qui sont arrivés depuis ont connu un pays très en transition, avec des normes culturelles qui évoluent rapidement, et des dirigeants déterminés à faire du tourisme une industrie primaire du Royaume.

Ils ont mis les moyens derrière leurs grandes déclarations publiques, s’engageant à dépenser 1 000 milliards de dollars pour les infrastructures touristiques au cours de la prochaine décennie. Ils prévoient de faire de Riyad une importante plateforme de vols internationaux, en ajoutant six pistes à l’aéroport. L’argent coule à flots pour développer des “giga-projets”, des sites centrés sur des attractions majeures qui coûtent des milliards chacun.

Lors d’une récente visite, j’ai pu constater que ce n’était pas que des paroles en l’air : partout en Arabie saoudite, les travaux sont en cours, les grandes villes de Riyad et de Djeddah ressemblant à de gigantesques chantiers. De nouveaux centres commerciaux, hôtels, restaurants et autres commodités ouvrent chaque jour.

C’est une nation longtemps fermée, qui est en train de devenir. Une visite ici implique non seulement de découvrir ce qui est ouvert et disponible aujourd’hui, mais aussi d’imaginer ce qui se prépare pour l’avenir proche. Le voyage peut être à la fois cahoteux et enrichissant. Pour ceux qui planifient et réservent des voyages, voici quelques informations importantes à connaître.

Vous entendrez beaucoup parler de la Vision 2030

Il s’agit du plan principal qui guide le pays vers l’avenir. Annoncé en 2016 avec des objectifs fixés pour l’année 2030, Vision 2030 vise à diversifier l’économie de la KSA en dehors du pétrole, avec des investissements dans la santé, l’éducation, les loisirs et le tourisme. Une partie de cela : améliorer l’image du Royaume à l’étranger, et les dirigeants ont initié un certain nombre de réformes et d’améliorations sur les droits de l’homme dans le cadre de cette vision (plus d’informations à ce sujet ci-dessous.)

Les giga-projets

Dans tout le pays, la planification et la construction sont en cours pour un certain nombre de projets si massifs que le terme “méga” ne suffit pas à les décrire. Le terme “giga-projet” est devenu un mot à la mode, et la taille et l’échelle de chacun d’entre eux sont réellement étonnantes.

À la périphérie de la capitale, Riyad, Diryah Gate est un projet de 20 milliards de dollars qui vise à accueillir à terme 25 millions de touristes par an. Tout est construit autour des ruines d’At-Turaif, un site classé au patrimoine mondial de l’UNESCO, un émirat sous la première dynastie saoudienne. Autour d’elles, tout un monde va s’élever, comprenant 38 hôtels (la plupart dans la catégorie luxe) et plus de 100 restaurants et cafés. Le site lui-même, et certaines de ses commodités, sont déjà ouverts.

Et celui dont vous entendrez le plus parler dans les mois et années à venir : Neom. Situé dans une région désertique en bordure de la mer Rouge, ce projet sera à la fois une attraction touristique et un plan pour un nouveau type de vie urbaine. Certains affirment que les plans sont peut-être un peu trop ambitieux pour être réalistes. La ville possède déjà son propre aéroport avec des vols directs vers Dubaï et d’autres destinations régionales. Les plans comprennent la seule station de ski de la péninsule arabique, ainsi qu’une île de villégiature avec trois hôtels de luxe. Et surtout, The Line, une ville linéaire qui pourrait un jour accueillir neuf millions d’habitants.

Où séjourner, et comment s’y rendre

J’ai séjourné au Jareed, l’un des nombreux nouveaux hôtels récemment ouverts à Riyad. Il s’agit d’une petite propriété située au milieu d’un projet appelé The Boulevard, qui comprend des restaurants, des boutiques et même un food truck spécialisé dans les hamburgers gastronomiques. Les chambres sont massives et luxueuses.

En ce qui concerne les vols, si vous ne pouvez pas vous rendre directement du Canada à Riyad ou à Djeddah, vous pouvez vous y rendre avec une seule correspondance. Deux options populaires : passer par Francfort sur la Lufthansa, ou par New York sur Saudia, la compagnie nationale.

Pas d’alcool

Ce pays a l’une des législations les plus strictes au monde en matière d’alcool. Contrairement à ses voisins Dubaï et Qatar, qui autorisent le service de boissons dans les hôtels et autres environnements touristiques contrôlés, l’interdiction d’alcool est totale ici. Ne posez même pas de questions à ce sujet. Lorsque je l’ai fait, j’ai reçu une réponse rigide, généralement standard : “Monsieur, nous respectons les lois de cette nation.”

Si vous voyez quelque chose qui ressemble à un bar, ne vous emballez pas trop. Les hôtels et les restaurants servent des mocktails, c’est-à-dire des imitations sans alcool de spiritueux comme le rhum, le whisky et la vodka, versés dans des bouteilles ressemblant à des bouteilles réelles. Ne vous laissez pas berner, et préparez-vous à passer des vacances sans alcool.

C’est très conservateur, mais peut-être pas ce à quoi vous vous attendez.

En matière de relations entre les sexes et de droits des femmes, ce pays reste l’un des plus conservateurs au monde. Mais les choses changent, rapidement. Lorsque je suis arrivé, je m’attendais à voir des règles rigides appliquées pour séparer les hommes et les femmes non mariés. Mais les personnes qui étaient employées pour cette tâche, la police des mœurs, ont été largement maîtrisées et mises sur la touche.

Dans le cadre de la Vision 2030, les femmes ont désormais plus de droits, elles peuvent conduire une voiture, obtenir un passeport et voyager à l’étranger sans être parrainées par un homme, et, d’une manière générale, vivre plus facilement, de façon indépendante. Elles sont employées dans divers lieux de travail en fait, à mon arrivée, tous les gardes-frontières étaient des femmes.

La Vision 2030 prévoit que le lieu de travail sera composé à 30 % de femmes d’ici dix ans, mais le média France 24 a récemment rapporté que ce chiffre était déjà de 36 %. La princesse Haïfa, membre de la famille royale saoudienne, est la ministre adjointe du tourisme. Elle a déclaré au Forum économique mondial de Davos qu’elle prévoyait la présence de femmes dans tous les types d’emplois et que 42 % des petites et moyennes entreprises de l’Arabie saoudite étaient déjà détenues par des femmes.

Source: Tim Johnson pour le groupe Travelweek