19 octobre 2023 – Depuis lundi et jusqu’à vendredi, la 25e session de l’assemblée générale de l’Organisation mondiale du tourisme se déroule à Samarcande, en Ouzbékistan. L’occasion était belle pour parler de cette ville mythique qui incarne la route de la Soie et qui intègre certains des sites monumentaux les plus flamboyants du monde.
Une ville aux multiples influences
Fondée autour du 8e s. av. J.-C., Samarcande est devenue l’épicentre culturel et commercial de l’Asie centrale, à partir du 14e s. En plus d’être le chef-lieu de toutes les splendeurs de son époque, Samarcande était située au cœur de la route de la Soie, ce réseau d’itinéraires qui ont favorisé les échanges de toutes sortes entre Orient et Occident pendant plus d’un millénaire. Aujourd’hui, Samarcande est assez turque, un peu arabe, vaguement persane, légèrement sino-indienne et totalement ouzbèke.
Des sites inscrits sur la Liste du patrimoine mondial
Rares sont les villes du monde qui comptent autant de splendeurs d’une telle richesse, dans un périmètre aussi restreint et encensé par l’Unesco. L’ensemble monumental du Registan présente ainsi une orgie de mosaïques, de majoliques et de tuiles vernissées recouvrant ses trois immenses madrassas (écoles coraniques) et leurs coupoles; sous l’une d’elle, dans la mosquée Tilla Kari, une pluie d’or et d’azur semble tomber en permanence.
Dans l’incroyable Gour Emir, où repose le sanguinaire conquérant Tamerlan, on se croirait sous un ciel doré, tandis que dans les mausolées de Shah-i-Zinda, aux éblouissantes ornementations, les gracieux muqarnas (des éléments décoratifs en forme de stalagtites) sont resplendissants de beauté. Enfin, la mosquée Bibi Khanoum fut, une fois complétée en 1404, la plus grande du monde; aujourd’hui partiellement en ruines en raison de séismes, elle ébranle toujours par sa taille monumentale.
Des marchés foisonnants
Ville-phare d’un pays extraordinaire, Samarcande présente le visage d’une cité moderne qui ne prête pas toujours à la flânerie, avec ses avenues quadrillées à la soviétique. En revanche, il est fort agréable de parcourir ses foisonnants marchés, dont le bazar Syab. Coloré, animé, bondé de denrées, il permet de faire ses emplettes sans jamais se faire harceler avec insistance, et on n’y vit qu’agréables contacts pour goûter une friandise, boire un thé au safran ou admirer une création artisanale.
Une grande partie de ce qui transitait jadis par la route de la Soie s’y trouve toujours : soieries, écharpes en laine de chameau ou manteaux en astrakan, diadèmes en argent, bracelets de jade, miniatures sur papier de soie et surtout des suzanis et des gulkurpas, ces broderies d’une grande finesse qui ornent tapis, couvres-lits ou coussins, ou qu’on accroche aux murs comme des tableaux.
Un cadre sécuritaire
Pays à l’islam très modéré (94 % de sunnites, une poignée de chiites) où la polygamie est interdite et où le port du voile est peu usité, l’Ouzbékistan forme un État laïc en plein cœur d’une Asie centrale musulmane. Influencé par un siècle de domination russe et soviétique, il forme ainsi un pays très sécuritaire où on peut se balader sans aucun souci, y compris à Samarcande.
Un tour du pays en pleine ville
En banlieue de Samarcande, on a récemment inauguré Boqiy Shahar (« la ville immortelle ») où on a recréé et rassemblé plusieurs des icônes les plus emblématiques du pays, au terme d’investissements de 600 millions d’euros. On y a droit à des répliques – fort bien réussies – des principaux sites et monuments du pays, en plus d’avoir accès à des boutiques et souks où on trouve le meilleur de l’artisanat ouzbèque, des hôtels de luxe ainsi que plusieurs restos et gargottes.
Des ambiances uniques au resto
On ne va pas en Ouzbékistan pour se régaler, mais il est possible de passer un bon moment à table, surtout en l’arrosant de l’excellente vodka locale et en choisissant bien son resto ou son tchaïkana (salon de thé). Certains ont des allures de salle de bal, d’autres offrent d’excellentes prestations de danse et de musique. Tant qu’à être à table, on en profite pour essayer les spécialités locales : mantis (raviolis) à la citrouille, nouilles à l’aneth, samsas (beignets fourrés) à la viande, plov (le plat national, à base de riz et de viande) de même que du mouton ou de l’agneau cuits à la broche (souvent délicieux, parfois très raides). Les salades de légumes (courges, aubergines…) sont pour leur part partout fraîches et savoureuses et les fruits, toujours délectables.
Un peuple gentil et attachant
En Ouzbékistan en général et à Samarcande en particulier, il n’est pas rare de se faire happer dans la rue par un groupe de jeunes qui veulent pratiquer leur anglais; de sentir son bras tiré par une main amicale pour aller danser dans un bar ou un resto; de se faire offrir un verre de vodka à table par une gentille dame voilée; ou d’avoir droit à un appel de phares en croisant un véhicule pour se faire prendre en photo : ici, le voyageur est souvent le héros.
Forts de milliers d’années d’échanges avec les pays environnants et habitués de voir passer les voyageurs et les nomades, les Ouzbeks sont ultrahospitaliers et toujours d’une extrême gentillesse. Et si on atterrit d’abord dans ce pays et à Samarcande pour admirer les splendeurs architecturales et l’époustouflant patrimoine culturel et artisanal, on en repart le cœur gonflé d’affection pour ce peuple si attachant. [divider] [/divider]
Pratico-pratique
Pour qui?
Ceux qui ont (presque) tout vu et qui cherchent la nouveauté, mais aussi les amoureux d’art, d’architecture et d’histoire ou ceux qui veulent s’offrir un premier contact avec l’Asie centrale.
Pourquoi?
Parce que si elle est fort connue dans les pays d’Asie et les ex-républiques soviétiques, Samarcande (et l’Ouzbékistan) est encore méconnue de ce côté-ci de l’Atlantique, et le tourisme de masse n’y a pas laissé sa marque. C’est aussi une excellente solution de remplacement pour les voyageurs qui ne peuvent aller en Inde en raison de la crise des visas, ou au Proche-Orient vu la situation actuelle.
Quand?
L’automne et le printemps : l’été est trop chaud et trop fréquenté, l’hiver est trop froid.
Comment?
Avec Turkish Airlines, qui relie Montréal à Samarcande (et aussi Tachkent, avec plus de fréquences) via Istanbul, où on propose gratuitement un tour guidé de la ville. Pour les longues escales, le transporteur offre même une nuit d’hébergement gratuit grâce au Stopover Program. Sa classe affaires est par ailleurs épatante et le salon de l’aéroport d’Istanbul, tout simplement incroyable, notamment pour la gastronomie et les divertissements.
Émissions de gaz à effet de serre : compter 800 kg de C02 l’aller, en moyenne. Un bon organisme (québécois) pour compenser : Carbone boréal.
Avec qui?
Pour découvrir Samarcande et l’Ouzbékistan au grand complet, l’agence Les Routes du Monde organise des séjours sur mesure mais aussi un riche circuit de deux semaines, avec excellent guide francophone, ainsi que tous les repas et nuitées à l’hôtel, chez l’habitant et sous la yourte. Commissions forfaitaires offertes au cas par cas.
Quoi lire?
Lonely Planet Asie centrale (2020) et Le Petit Futé Ouzbékistan (2021-2022), plus complet.