Au tournant du mois dernier, cette grande foire touristique a réuni des centaines d’entreprises du tourisme de Colombie et du monde entier afin de favoriser les échanges entre eux. Profession Voyages était de la partie : compte-rendu.
Du 28 février au 1er mars dernier se déroulait le Colombia Travel Mart (CTM), imposant forum international de jumelage d’entreprises touristiques colombiennes et internationales.
Tenu à Bogota, capitale du pays, l’événement était organisé par le ministère du Commerce, de l’Industrie et du Tourisme ainsi que par ProColombia, l’organisme de promotion commerciale et touristique du pays. Près de 450 représentants commerciaux s’y sont retrouvés, dont 208 provenant de 22 départements colombiens, ainsi que 181 acheteurs étrangers originaires de 27 pays – y compris le Canada.
Ce dernier est d’ailleurs arrivé quatrième au nombre des pays dont les entreprises ont conclu le plus grand nombre d’ententes, pour un total de 5,6 millions $US. À cet égard, le Canada s’est positionné juste devant l’Équateur (3,5 millions $US) et derrière le Mexique (13,3 millions $US), le Pérou (7,8 millions $US) et le Brésil (7,2 millions $US).
La consolidation d’une destination
Pour les organisateurs, la Colombie est ressortie grandie du CTM 2024, qui a confirmé son statut de destination de classe mondiale.
« ProColombia est fière de son engagement envers le développement des affaires, a dit Carmen Caballero, présidente de ProColombia, lors de l’inauguration de l’événement. Nous avons positionné la Colombie comme une destination de choix pour les affaires internationales, avec des transactions commerciales potentielles dépassant 55,2 millions de dollars US. »
Le vice-ministre du Tourisme, Arturo Bravo, a quant à lui souligné « la participation généralisée de représentants commerciaux de différentes régions de Colombie, qui souhaitent montrer aux acheteurs internationaux pourquoi la Colombie est connue comme ”Le Pays de la Beauté” », nouveau slogan touristique de l’État colombien.
El pais de la Belleza
Lancé l’automne dernier dans le monde (et en première canadienne à Montréal), ce slogan vise à mettre l’accent sur la splendeur du territoire colombien, mais aussi celle de sa culture, de son peuple, de sa gastronomie… Objectif : accueillir 7,5 millions de visiteurs étrangers d’ici 2026.
Destination en plein essor, la Colombie attire autant les adeptes de plages, de villes coloniales, de villages pittoresques et de gastronomie qu’elle suscite de l’intérêt pour le tourisme d’affaires, de réunions et de congrès, ainsi que pour le plein air et les activités en pleine nature.
Et pour cause : la Colombie est le deuxième pays au monde pour la richesse de sa biodiversité (juste après le Brésil), en plus d’être une destination de rêve pour les ornithologues et les adeptes de plein air, de la plongée à la randonnée pédestre en passant par le vélo.
Les décennies de conflits qui l’ont minée ont eu à tout le moins un effet bénéfique : l’essentiel du pays demeure généralement vierge et intact, même si le tourisme s’y développe à bon train depuis la signature des accords de paix, en 2016.
« C’est le prochain Costa Rica! », lance Jad Haddad, directeur du marketing de Terres d’Aventures Canada, un voyagiste spécialisé dans les voyages de randonnée, qui était présent au CTM pour nouer de nouveaux partenariats avec des voyagistes réceptifs.
Une nature splendide
« La Colombie se prête fort bien à un tourisme près des communautés et de la nature, poursuit-il. En fait, la richesse du pays est telle qu’elle représente même un défi : il y a ici tellement de biodiversité et d’écosystèmes qu’il est ardu de promouvoir le pays dans son ensemble et qu’il vaut mieux y aller par région : en clair, il y a plusieurs Colombie. »
Pour lui, le tourisme de randonnée a de fort beaux jours devant lui en ce pays, mais c’est aussi le cas du tourisme à vélo, avec un vaste réseau de routes, souvent en très bon état, ainsi que de belles possibilités de vélo hors-route. « Il y a une forte culture cycliste ici, et de nombreuses villes – Bogota, Medellin, Cali – ferment des dizaines de kilomètres de rues à la circulation automobile, le dimanche, pour permettre aux gens de pédaler. »
Au cours du CTM, ProColombia a par ailleurs annoncé la signature d’un accord entre le ministère du Commerce, de l’Industrie et du Tourisme, ProColombia, WWF Colombie et Airbnb. Baptisé « Colombia Biodiversa », il donnera lieu à une campagne qui promouvra le tourisme local et durable.
Cette initiative incitera les Colombiens et les visiteurs étrangers à explorer de nouvelles destinations à l’intérieur du pays, en mettant de l’avant des expériences touristiques responsables et des activités qui contribuent au bien-être des communautés locales tout en soutenant leur développement économique.
Un pays encore méconnu
Pour attirer davantage de touristes, il faut cependant encore faire évoluer les mentalités et montrer au monde qu’il y a fort à voir et à faire en ce pays, au-delà de Carthagène et des îles de San Andrés.
Samir Daoud, directeur de Voyage Vasco Longueuil, ne connaissait pas vraiment la Colombie avant d’assister au Forum touristique Colombie-Canada de Montréal, en septembre dernier. Et c’est en y rencontrant des voyagistes réceptifs qu’il a eu envie d’en savoir plus en prenant part au CTM 2024.
« C’est mon premier séjour ici, je voulais découvrir le pays pour proposer à mes clients quelque chose qu’ils n’ont jamais vu », dit-il. Après ce premier CTM et une tournée de familiarisation, le voilà prêt à le faire. « Maintenant, je vais pouvoir leur dire qu’ils peuvent visiter le pays sans problème, et qu’ils auront droit à un mélange de culture, de nature, de plages et de bonne gastronomie. »
Preuve de l’engouement croissant pour le pays : TripAdvisor a récemment reconnu des sites colombiens emblématiques comme Carthagène, Bogotá et la plage de San Luis à San Andrés dans sa catégorie « Meilleur du meilleur » des derniers Travelers’ Choice Awards.
Une offre renouvelée
Patricia Peréz, directrice générale de Canandes, s’est pour sa part dite surprise par plusieurs aspects de l’offre colombienne, cette année. « Il y avait beaucoup de nouveautés, beaucoup plus de nouveaux fournisseurs qu’à l’habitude, constate-t-elle. Il y avait aussi de nombreux jeunes entrepreneurs qui proposaient des séjours et des expériences qui sortaient de l’ordinaire et qui amenaient beaucoup de fraîcheur dans leur approche. »
Elle sait de quoi elle parle : d’origine colombienne (tout comme son conjoint Camilo Aguilar, propriétaire du voyagiste), elle propose la Colombie depuis une trentaine d’années. « Ça n’a pas toujours été une destination facile à vendre, mais ça va de mieux en mieux, et je suis confiante que ça n’ira qu’en s’améliorant », dit-elle.
Au-delà des circuits et séjours classiques, des réceptifs colombiens misent désormais sur une approche plus humaine, plus personnalisée du tourisme. « Certains fournisseurs proposaient Carthagène et Bogota, oui, mais avec des expériences intimes et différentes, comme des rencontres avec les habitants de ces villes », dit Patricia Peréz.
Pour elle, l’écotourisme risque fort d’être un secteur fort en demande, au cours des prochaines années, et des villes comme Medellin devraient de plus en plus faire parler d’elles, notamment en raison de la gastronomie. « J’ai participé à un voyage de familiarisation dans cette ville, après le CTM, et j’ai été étonnée par la qualité des plats qu’on nous a servis : on était loin du trio haricots rouges, riz et plantain! »
Résultat : plusieurs nouvelles ententes ont été signées, comme on pourra bientôt le constater dans le portfolio u voyagiste montréalais.
Un grand potentiel pour le luxe
Pour le spécialiste torontois du tourisme de luxe Jason Swaye, ce segment a également un bel avenir devant lui en Colombie. « Je viens au CTM depuis 2015, et c’est ma première participation depuis la pandémie, dit-il. En Colombie, le potentiel pour le tourisme de luxe est énorme! »
« De plus en plus de voyageurs viennent y louer une villa ou séjourner dans de grands hôtels, poursuit-il, comme à l’un des deux Four Seasons ou au Sofitel de Bogota, ou encore à l’un des établissements de Preferred Hotels of the World. Les sites sont splendides, on trouve de nombreux spas et plusieurs îles ravissantes – comme celles de Rosario – ainsi que de jolis villages comme Jardin – que les Québécois apprécient particulièrement – sans compter que la gastronomie est épatante! »
Cela dit, on croise aussi de plus en plus de voyageurs indépendants, sur les routes et les sites de Colombie, autant attirés par ce qu’il y a à voir et à faire que par le coût de la vie abordable, tant en ce qui a trait aux dépenses du quotidien qu’aux prestations touristiques.
« Au terme de mes 5 semaines de voyage en Colombie, j’aurai dépensé à peu près 3500 $, avion compris », indique Jean-François, un Québécois rencontré sur un sentier de la Vallée de Cocora.
Plusieurs vols entre le Québec et la Colombie
Pour gagner le Pays de la Beauté, on peut déjà compter sur 13 vols reliant le Canada à la Colombie, dont des vols directs Montréal-Carthagène avec Air Transat, en saison, et un vol Montréal-Bogota avec Air Canada, à l’année.
Le 31 mars prochain, une nouvelle desserte Montréal-Bogota verra également le jour avec Avianca, transporteur colombien qui dispose déjà d’un vaste réseau national – mais aussi de plusieurs liaisons sur d’autres pays d’Amérique du Sud.
Plusieurs voyages de familiarisation en parallèle
Avant et après le CTM 2024, 17 voyages de familiarisation organisés par 16 entreprises colombiennes ont permis de présenter ce que la Colombie avait de mieux à offrir à des dizaines de représentants des médias.
Profession Voyages en a profité pour explorer une partie de la région du Triangle du café, reconnue par l’Unesco comme le Paysage culturel du café de Colombie, ce qui donnera lieu à un reportage à lire sous peu. À suivre…
Info : colombia.travel