Aura Invalides : quand Montréal illumine Paris

Depuis septembre dernier, l’intérieur du Dôme des Invalides sert de canevas à une splendide immersion son et lumières, gracieuseté du studio montréalais Moment Factory. Et les spectateurs continuent d’affluer, encore et encore.


« Du haut du Dôme des Invalides, bien des lucioles numériques nous contemplent », aurait pu dire Napoléon Bonaparte, s’il vivait de nos jours, lui qui repose en contrebas de l’immense crypte circulaire du Dôme.

Depuis le 20 septembre dernier, l’espace intérieur de ce grandiose monument emblématique de Paris, chef d’œuvre de l’architecture classique française du 17e s., est magnifié et se transforme prodigieusement chaque soir grâce aux féériques mises en scène immersives de Moment Factory.

Splendide de jour, l’espace prend une tout autre forme de nuit, quand les rayons lumineux soulignent à gros traits les gracieux éléments de sa structure, comme s’ils en extirpaient l’ossature et l’ornementation pour en vider les murs. Par moment, on croirait voir s’édifier en direct les formes, à mesure que la lumière balaie la structure de ses faisceaux et que les fresques vidéos (mapping) font leur œuvre.

Le tout se déroule au son des harmonieux arrangements musicaux essentiellement originaux composés par les mélomanes du studio montréalais Troublemakers. Mais on remarque aussi quelque extrait de Une barque sur l’océan, de Ravel, et du Requiem de Berlioz, performé pour la première fois ici même, en 1837 – subtil clin d’œil historique.

 

Un franc succès

« Depuis l’ouverture, toutes les séances affichent complet et plus de 72 000 billets ont déjà été vendus, disait à la mi-décembre Marie-Pier Veilleux, directrice relations publiques & Affaires internationales de Moment Factory. On peut parler d’un franc succès! »

Même si les nombreux spectateurs ont un profil très varié et qu’on compte de nombreux touristes, « on observe aussi un public fortement parisien et assez jeune, ce qui est relativement surprenant », s’étonne Marie-Pier Veilleux.

Inspiré d’Aura Montréal, qui illumine depuis plusieurs années la basilique Notre-Dame, Aura Invalides dure 50 éblouissantes minutes. Contrairement à ce qui se passe dans la métropole québécoise, les spectateurs demeurent debout et où ils le désirent, lors des représentations d’Aura Invalides – à moins qu’ils ne préfèrent s’asseoir sur les marches.

Le spectacle-immersion se déploie en trois actes, chacun évoquant l’histoire de cette église devenue panthéon : construction, mémoire et élévation.

 

Une immersion, trois actes

Dans le premier acte, on cherche à exulter la grâce architecturale de ce monument inauguré par Louis XIV en 1706. La lumière coule d’abord le long des cannelures des colonnes et autres éléments architecturaux, comme si de l’or blanc liquide suivait des canaux menant au moule de l’édifice. Puis, la lumière drape admirablement les surfaces intérieures, comme un peintre le ferait avec des pinceaux de lumière.

Lors du deuxième acte, on est invité à explorer les lieux, de mausolée en sépulture, dans les six chapelles où reposent d’autres personnages célèbres donnant lieu à autant de mises en scènes distinctes : les maréchaux Foch et Lyautey, puis Vauban, Napoléon II dit l’Aiglon, Joseph et Jérôme Bonaparte ainsi que les généraux Bertrand et Duroc.

Tandis que les formes et les lumières dansent, les spectateurs déambulent. Grâce à la magie des fresques vidéo, des statues émergent des murs et semblent prendre vie, un obélisque fait la roue comme la queue d’un paon…

En finale, le troisième acte donne lieu à une orgie d’effets visuels, lasers compris, toujours en exploitant au maximum le cadre environnant. Sous les manipulations numériques de Moment Factory, des tisons de pixels lèchent les colonnes, des éclairs et des flashes sont décochés, la musique se fait insistante, l’émotion s’élève d’un cran.

L’un des moments forts de la soirée donne aux spectateurs l’impression de circuler à grande vitesse d’une alcôve à l’autre vers une gigantesque tour Eiffel numérisée, en dessous de laquelle ils passent bientôt, médusés, les yeux écarquillés, le cheveu décoiffé, la tête remplie d’étincelles pixélisées. Et tous ressortent du Dôme des Invalides en se disant que la Ville Lumière n’a peut-être jamais aussi bien porté son nom.

Info : https://aura-invalides.com/fr_FR/