Un Airbus A330 d'Air Transat approche de l'atterrissage à Lisbonne, le 22 juillet 2024 - ©The Canadian Press/AP/Armando Franca

Transat : l’intérêt pour les voyages demeure fort, mais celui pour les États-Unis s’estompe

Le climat d’incertitude qui plane sur l’économie nord-américaine pourrait entraîner une augmentation des réservations de dernière minute, croit Annick Guérard, PDG de Transat.


Dans le cadre du dévoilement des résultats financiers de Transat, hier, sa PDG Annick Guérard a assuré que l’envie de voyager des Canadiens reste insatiable — du moins pour les destinations outre-mer —, malgré les inquiétudes économiques croissantes dues à la guerre commerciale avec les États-Unis.

Les voyageurs continuent de réserver des vols transatlantiques avec la compagnie aérienne, a confirmé Annick Guérard, bien qu’elle ait reconnu une baisse marquée de la demande pour les destinations états-uniennes, ces derniers mois.

 

Statu quo… sauf aux USA

« Mis à part le marché américain, nous n’avons pas encore observé d’autres impacts négatifs sur notre courbe de réservation, après les annonces de tarifs douaniers », a-t-elle expliqué aux analystes lors d’une conférence téléphonique.

« Nous sommes bien conscients que l’environnement actuel affecte la confiance globale des consommateurs, ce qui pourrait éventuellement avoir un impact sur la demande de voyages, poursuit-elle. Mais nous n’avons constaté aucun effet au cours des dernières semaines. »

 

Deux destinations floridiennes, et c’est tout

Au départ, on ne peut pas dire que Transat soit fortement affectée par la guerre commerciale lancée par Donal Trump, puisque son transporteur Air Transant ne dessert que deux destinations aux États-Unis, toutes deux en Floride.

Le mois dernier, l’entreprise a décidé de réduire d’environ 10 % sa capacité vers cet État, selon les données de l’outil de suivi aérien Cirium. Cette baisse fait suite à une diminution des réservations dans un contexte de réactions négatives face aux menaces tarifaires ainsi qu’à la faiblesse du dollar canadien.

 

Vers des réservations de dernière minute?

Le climat d’incertitude qui plane sur l’économie nord-américaine pourrait entraîner une augmentation des réservations de dernière minute, les consommateurs hésitant à dépenser leur monnaie affaiblie pour voyager.

« Les gens hésiteront peut-être avant de réserver, a indiqué Mme Guérard, évoquant un “environnement économique instable”. Mais les choses se présentent bien, pour l’instant — du moins en ce qui concerne l’achat de billets.

 

Les défis d’une flotte réduite

Les avions, cependant, constituent un autre défi. Air Transat doit en effet composer avec une flotte réduite de six à sept appareils — soit une baisse de 14 à 16 % de ses 44 avions, selon la semaine.

La compagnie aérienne est l’une des nombreuses touchées par le rappel des turboréacteurs du fabricant Pratt & Whitney, qui a contraint de nombreuses compagnies aériennes à immobiliser une partie de leurs flottes à l’échelle mondiale.

« Nous continuons à gérer activement l’impact sévère causé par les problèmes de moteurs GTF de Pratt & Whitney », confirme Annick Guérard, ajoutant qu’elle s’attendait à ce que ces immobilisations se poursuivent tout au long de l’année.

À certains égards, Transat est cependant mieux placée que les compagnies aériennes plus exposées au marché américain, compte tenu de sa desserte limitée sur les États-Unis.

 

Des impacts ressentis chez les autres transporteurs

À travers le continent, les transporteurs et les entreprises de voyages constatent une chute des réservations vers les États-Unis, alors que l’incertitude économique croissante incite les consommateurs et les entreprises à réduire leurs dépenses. Les Canadiens revoient également leurs plans en raison de la guerre commerciale et de la faiblesse du dollar canadien.

Le mois dernier, Air Canada a annoncé qu’elle réduirait ses vols vers la Floride, Las Vegas et l’Arizona à partir de mars — une période normalement prisée pour les vacances de relâche. WestJet a aussi signalé par courriel un changement dans les réservations, les voyageurs se tournant davantage vers des destinations soleil comme le Mexique et les Caraïbes plutôt que les États-Unis.

Les trois plus grandes compagnies aériennes américaines — American Airlines, Delta Air Lines et United Airlines — ont toutes revu à la baisse leurs prévisions de bénéfices pour l’année. Les deux dernières ont même réduit leur capacité.

 

Des pertes, mais pas que

Hier (jeudi le 13 mars), Transat a annoncé une perte nette de 122,5 millions de dollars au premier trimestre, soit le double des 61 millions de dollars de pertes enregistrées à la même période l’an dernier.

Cependant, la perte nette ajustée de 75 millions de dollars représente une légère amélioration par rapport aux 76 millions de dollars de pertes de l’année précédente. La société a expliqué que l’évolution défavorable des taux de change avait contribué à l’aggravation des pertes nettes.

Sur une base ajustée, Transat a déclaré une perte de 1,90 $ par action pour le trimestre clos le 31 janvier, contre une perte ajustée de 1,97 $ par action pour la même période l’an dernier.

Le chiffre d’affaires trimestriel a progressé de près de six pour cent en glissement annuel, atteignant 829,5 millions de dollars contre 785,5 millions de dollars l’année précédente.

Cette hausse est attribuée à une augmentation de 1 % du trafic, mesuré en passagers-kilomètres payants, une unité qui comptabilise le nombre de kilomètres parcourus par les passagers payants.