24 février 2021 — Aujourd’hui, pour le portrait du mois, nous retrouvons Chantal Ann Dumas, Naturopathe agréée et conseillère externe chez Voyages Terre et Monde. Chantal Ann a commencé sa carrière dans le voyage auprès d’un voyagiste, puis s’est dirigée vers les plantes médicinales pour devenir naturopathe, pour enfin rejoindre Voyages Terre et Monde en tant qu’agente externe. Au coeur de la pandémie, elle continue d’exercer deux activités qui évoluent sur une dynamique bien différente. Alors que les professionnels du voyage vivent dans le stress et l’attente de jours meilleurs, l’industrie du bien-être n’a jamais autant séduit les québécois. Comment cette professionnelle arrive-t-elle à combiner deux activités professionnelles aux émotions si différentes en ce moment ?
Elle nous confie pourquoi elle a souhaité revenir vers le métier de conseillère et comment elle réussit à lier avec succès ses passions pour le voyage et le bien-être même en temps de pandémie. En prime : des conseils pour améliorer votre santé physique et mentale en temps de pandémie. Voici le portrait de Chantal Ann Dumas!
1) Peux-tu résumer en quelques phrases ton cheminement : carrière, études, tes différentes activités professionnelles…
J’ai eu la piqûre du voyage dès mon premier voyage à Cuba à l’âge de 19 ans alors dès mon retour, j’ai entamé ma formation d’agent de voyages au Collège April-Fortier. Je suis retournée à Cuba en tant que représentante à destination pour un voyagiste. J’y ai passé 2 ans puis, à l’époque ou les premiers gros tout-inclus se construisaient, à la fin des années 80, puis on me proposa la République dominicaine. J’ai alterné la représentation à Punta Cana l’hiver et les fonctions de guide accompagnatrice dans l’Ouest canadien et d’autres destinations canadiennes durant quelques années avant de m’établir en République dominicaine où j’ai demeuré en tout durant 5 ans.
Vers la fin, j’ai connu de graves ennuis de santé causés par la fièvre typhoïde. Malgré les traitements médicaux, je rechutais constamment et ma santé déclinait dangereusement. C’est finalement en ayant recours aux plantes médicinales que j’ai pu me soigner suffisamment pour revenir au Canada. Je me suis ensuite lancée à fond dans ma nouvelle carrière de naturopathe, j’ai complété plusieurs autres formations dont une autre de 4 ans en homéopathie, en accompagnement à la naissance, en Intelligence psychocorporelle ainsi que plusieurs spécialisations aux États-Unis.
Puis, frustrée par le peu de reconnaissance dont jouissent les approches complémentaires en santé au Québec, j’ai étudié l’anthropologie médicale à McGill pour m’orienter du côté de la recherche. Je suis ensuite allée compléter un stage auprès des guérisseurs traditionnels Maya au Mexique et j’ai décidé de m’impliquer auprès d’ONG pour pouvoir marier ma passion du voyage, des cultures et des approches traditionnelles en santé. Le destin a voulu que ma première mission avec Homéopathes de Terres sans frontières ait aussi lieu à Cuba. D’une collaboration à l’autre, j’ai commencé à agir en tant que consultante pour les Cubains et à organiser des congrès sur les produits naturels à La Havane en collaboration avec eux. Puisque j’ai décidé de vouer une bonne partie de ma carrière naturopathique aux médias afin de mieux faire connaître ce qu’on fait, plusieurs personnes qui connaissant mon implication à Cuba et mes connaissances des destinations du Sud me demandaient conseil au moment de réserver leurs voyages ou voulaient m’accompagner dans les miens.
C’est ainsi que j’ai décidé de revenir officiellement au sein de l’industrie à titre de conseillère externe chez Voyages Terre et Monde depuis janvier 2018.
2) Qu’est ce qui t’a amenée à devenir agente externe, pourquoi ce choix plutôt que d’être interne à temps plein?
Je suis surtout revenue dans l’industrie dans le but d’organiser des groupes quelques fois par année pour des voyages qui seraient axés sur la santé et le développement personnel dans une perspective anthropologique, pour une clientèle plus à mon image. Comme j’ai aussi fondé une académie de formation en ligne (www.academiedesanteglobale.com), je planifiais de faire une transition progressive vers un retour à destination lorsque mon fils deviendrait autonome. Juste comme cela s’est produit, les restrictions associées à la pandémie et le déclin de l’industrie ne m’en ont pas vraiment donné l’opportunité.
Regrettes-tu ton choix à l’heure de la pandémie? Pourquoi?
En rétrospective, je suis vraiment contente de pouvoir compter sur les revenus générés par ma carrière de naturopathe.
3) Comment vis-tu le fait de travailler dans le bien-être et dans le voyage, deux secteurs qui aujourd’hui sont sur une “vibe” opposée! Le domaine du voyage étant tout sauf zen!
Personnellement, je le vis en général bien car mon objectif était justement de créer des produits qui allaient concilier les deux. Les naturopathes et autres personnes conscientes de leur santé aussi voyagent et ne veulent pas tous faire du yoga au Costa Rica! Par contre, c’est certain qu’en ce moment, j’ai beaucoup de difficulté avec les restrictions imposées qui sont loin de faire l’unanimité au sein de la communauté scientifique! De plus, la grande division qu’on connaît actuellement est en bonne partie associée à deux grandes théories de la santé qui sont en opposition depuis aussi loin que Pasteur, soit la théorie du germe versus celle du ‘terrain’. La médecine conventionnelle et dominante en ce moment est celle qui met l’emphase sur les virus et les moyens artificiels de les combattre alors que la théorie de ‘terrain’ préconise plutôt l’optimisation de la santé et de l’immunité pour faire face aux agresseurs externes tels que les virus. Cette opposition, accentuée par les médias et une certaine censure, se retrouve dans toutes les sphères, incluant notre industrie. Je trouve cela vraiment dommage, surtout à une époque où l’on devrait plutôt être solidaires.
Image: Costa Rica, une destination où de nombreuses retraites de bien-être sont organisées.
4) Quel est ton secret pour mixer toutes tes activités professionnelles ensemble? Est-ce que l’une sert de levier à l’autre ? Si oui, peux-tu partager avec nous une astuce? Par exemple, est-ce que ta clientèle en naturopathie t’achète aussi des voyages?
Au début, j’essayais de tout compartimenter, de séparer le voyage de la naturopathie et de ma carrière médiatique. Je crois que je craignais le jugement des gens. Éventuellement, j’ai compris que ça deviendrait trop compliqué de séparer mes différentes fonctions et clientèles, de gérer différents sites web, etc. J’ai donc décidé d’assumer pleinement qui je suis et de faire confiance que les bons clients pour moi allaient être confortables avec tous mes chapeaux! Puisque je visais de toute façon le développement de produits destinés à une clientèle priorisant leur santé, j’allais bien sûr offrir mes voyages à la clientèle que je construis depuis 22 ans en naturopathie et avec laquelle j’ai développé un lien de confiance. Mes clients connaissent de toute façon ma passion pour le voyage puisque je m’absente régulièrement pour les projets à Cuba et mes voyages personnels. J’ai vraiment hâte que toute cette histoire soit derrière nous et de pouvoir reprendre ou j’ai laissé.
5) En tant que naturopathe, aurais-tu des conseils pour aider tous les conseillers en voyages à mieux traverser cette période, l’anxiété, le stress et l’incertitude liés à la reprise de leur activité?
La naturopathie est une approche de santé hautement individualisée, c’est-à-dire que ce qui guide mon intervention, c’est la personne devant moi, et non le problème de santé. Ainsi, un problème comme l’insomnie par exemple peut être occasionné par différents facteurs tels que certaines carences nutritionnelles, un déséquilibre hormonal, un foie congestionné, l’exposition à la lumière bleue émise par les écrans, des prédispositions génétiques, etc. Donc en fonction des facteurs impliqués, les recommandations seront différentes. De manière générale toutefois, je dirais de rester ancrés dans le moment présent et d’adhérer le plus possible à une routine de vie avec des heures régulières et de mettre l’emphase sur les bonnes habitudes. C’est un défi de demeurer actifs physiquement mais l’activité physique agit comme un anxiolytique et antidépresseur naturel. Sortir pour s’activer permet aussi d’avoir un peu de temps et d’espace pour soi si on travaille à la maison. Les neurotransmetteurs calmants comme la sérotonine et le GABA sont fabriqués à partir des protéines de notre alimentation avec l’aide de cofacteurs dont les vitamines B et le magnésium, qui sont souvent carencés au sein de la population. Ce sont donc des suppléments à considérer. Il existe aussi des produits plus spécifiques comme le 5-HTP, la théanine, le GABA, le safran et d’autres dont on pourrait discuter dans un numéro spécial santé! Comme certains suppléments peuvent comporter des contre-indications et interactions, il vaut toujours mieux consulter.