ACTA Québec : un mini-salon fait d’espoir

Hier soir, environ 115 conseillers sont venus participer à l’événement Au Tour du Monde « Viva » ACTA Québec 2025, un mini-salon teinté de fébrilité et d’encouragements pour affronter les mois à venir.


Est-ce parce que la salle était assez petite ou parce que les conseillers étaient heureux de se retrouver, de réseauter et d’échanger avec leurs pairs et leurs fournisseurs? Toujours est-il qu’il y avait de l’électricité dans l’air, à l’hôtel Hyatt Centric de Montréal, lors de l’événement Au Tour du Monde « Viva » ACTA Québec 2025.

 

Pour l’occasion, environ 115 conseillers sont venus rencontrer 17 fournisseurs présents et écouter les mots d’encouragements de Serge H. Malaison, président du conseil d’administration d’ACTA Québec, et de Patrice Malacort, directeur, Service aux membres pour ACTA Québec. Car on le sait, l’industrie s’apprête potentiellement à traverser une nouvelle période d’instabilité, compte tenu de tout ce qui se passe au sud de la frontière – pour ne pas dire à la frontière.

Serge H. Malaison

 

« Le boycott à l’encontre des États-Unis est tout à fait légitime, a lancé d’emblée Serge H. Malaison devant les conseillers, mais ça entraîne une baisse d’activité inévitable. Vous devez savoir que nous travaillons présentement en étroite collaboration avec les différents paliers de gouvernements. Et le message que vous devez retenir, c’est que nous sommes là pour vous. »

 

Des inquiétudes palpables

« Ce soir, on le voit, les agents sont très fébriles, confie Serge H. Malaison en entrevue. Avec toutes les annulations en cours, je connais des agences qui sont en train de perdre 40 % de leur chiffre d’affaires depuis janvier, à cause de menaces de Trump. »

Le pire, c’est qu’il n’est pas toujours facile de se retourner rapidement de bord, quand on est spécialisé sur les États-Unis, à plus forte raison en tant que voyagiste. Trans Atlantis Tours, la division autocariste de Voyages Centaure, propriété de Serge H. Malaison, a ainsi annulé tous ses départs pour les États-Unis.

 

« Plusieurs clients n’ont pas hésité à perdre leur dépôt – jusqu’à 750 $ – tellement ils ne veulent plus aller dans ce pays. La moitié d’entre eux voyagera au Québec, l’autre moitié ne sait pas encore où aller », indique le propriétaire.

 

Des affaires qui tournent mal

La division de voyages corporatifs de l’entreprise de Serge H. Malaison est tout aussi touchée. « Là aussi on est en train de tout annuler : les employés font savoir à leur employeur qu’ils ne veulent rien savoir d’aller aux États-Unis. »

« C’est sûr que les voyages d’affaires vont écoper : c’est souvent ce qui se passe lorsqu’il y a une crise, d’ajouter Patrice Malacort. Durant la pandémie, c’est surtout ce secteur qui a été affecté et qui a mis le plus de temps à se remettre en route. Et encore : après la pandémie, on n’est jamais revenu aux niveaux d’avant 2020. »

Patrice Malacort

« À tout le moins, il y aura des délégations gouvernementales, des chambres de commerce, des associations de gens d’affaires qui vont vouloir se rencontrer, poursuit Patrice Malacort. Des relations commerciales existent et si ça se trouve, la situation actuelle va renforcer les liens entre les partenaires canadiens et états-uniens : ils ont tous intérêt à ce que les choses fonctionnent, et plusieurs d’entre eux peuvent exercer un pouvoir de dissuasion en haut lieu. On l’a vu aujourd’hui [le 4 mars] avec le recul des tarifs sur l’aluminium et l’automobile le jour même de leur imposition. »

 

D’autres secteurs touchés

Une semblable situation de rejet des États-Unis se vérifie avec les voyages scolaires : les parents refusent de laisser aller leurs enfants dans ce pays en train de sombrer dans une certaine dérive. « Les gens ont peur de la montée de l’extrémisme », note Serge H. Malaison.

Michelle Lebel, gestionnaire du développement des affaires de Globus, a annoncé la tenue du troisième sommet annuel de l’entreprise. Celui-ci se déroulera à compter du 22 novembre prochain dans le cadre d’une croisière fluviale avec Avalon, qui aura comme thématique les marchés de Noël. Pour réserver l’une des 130 places disponibles, il faut utiliser le code QR qui sera inclus sur le prospectus virtuel envoyé par Globus.

Quant aux voyages LGBTQ2s+, il n’y en a tout simplement plus à destination des États-Unis. « Mon agence est la plus grosse au Québec à offrir de tels séjours, et dès que Trump a pris le pouvoir, tout le monde a annulé. Plus personne de ces communautés ne veut aller là-bas! »

Enfin, face aux nombreux transporteurs qui disent ne pas trop pâtir des annulations pour les États-Unis, Serge H. Malaison se fait perplexe. « Quand je suis sur le terrain, je ne comprends pas qu’on puisse dire que ça va : je pars demain pour Miami, et l’avion est vide aux trois-quarts, en plein hiver. Faut pas se mettre la tête dans le sable! »

 

Savoir se retourner

Cela dit, il ne faut pas se décourager pour autant, postule le président du c.a. de l’ACTA Québec. « Comme je le dis tout le temps, la pandémie nous a appris à nous retourner très rapidement et à faire preuve de polyvalence. Les gens ne veulent plus aller aux États-Unis en autocar? On leur suggère Charlevoix, l’Ontario ou les Maritimes, quitte à changer de voyagiste. Une rencontre d’affaires est annulée à Chicago? On propose Toronto ou Niagara-on-the-Lake, avec dégustation de vin en prime ».

Michèle Rauzon était sur place hier soir pour représenter l’Office de tourisme de Nassau et Paradise Island, une destination appelée à prendre de l’ampleur durant l’année, vu le climat politique actuel.

L’ennui, c’est que dans le cas du secteur MICE, les établissements disponibles risquent d’être rapidement saturés, ce type d’événement se réservant longtemps à l’avance. « Mais pour l’instant il y a encore de la place », assure Serge H. Malaison.

Du côté des voyages d’agrément, les solutions de remplacement sont évidemment plus faciles à trouver. « Bien sûr, l’annulation des voyages aux États-Unis entraîne des pertes de revenus mais le message que nous voulons passer ce soir, c’est que les gens vont vouloir aller ailleurs, sur la Costa del Sol, en Algarve ou dans les Caraïbes », dit patrice Malacort.

Julie Golding, qui représente CroisiEurope au Québec, était tout sourire. Peut-être avait-elle en tête le commentaire de Mélanie Paul-Hus, directrice d’Atout France au Canada, qui se demandait récemment « pourquoi il n’existe pas encore d’abonnement à vie chez CroisiEurope! », lors de la soirée Destination France?

Une situation bien différente de celle de la pandémie, où il n’y avait tout simplement plus d’endroits où aller, ou d’avions pour s’y rendre, en dehors du tourisme local…

 

Des fournisseurs à l’écoute

Dans tout le branle-bas de combat qui découle des annulations, les agences sont évidemment bien accaparées, par les temps qui courent. « Je leur lève mon chapeau, beaucoup travaillent très fort; mon équipe est présentement à pied d’œuvre 18 h par jour pour tout reprogrammer ailleurs ce qui était prévu aux États-Unis, en l’espace d’un mois! »

En l’absence d’Isabel Martin Benitiz, conseillère et consule au tourisme à l’ambassade d’Espagne au Canada, c’est Alegria Narvaez qui tenait le fort espagnol, hier soir. Évidemment, elle en a profité pour vanter les atours de Valence, nouvelle destination offerte par Air Transat cette année.

 

Évidemment, la question de la protection des commissions préoccupe beaucoup les conseillers. « L’ACTA est en discussion avec les partenaires, et je peux vous confirmer que les voyagistes et fournisseurs sont à l’écoute et qu’ils réalisent à quel point les agents travaillent fort présentement », constate Serge H. Malaison.

À cet égard, on peut saluer le précédent récemment créé par Vacances Sunwing, à la suite des tempêtes successives, le mois dernier.

« C’est vrai que nous traversons une période d’instabilité aux États-Unis, mais aussi dans le monde, ajoute Patrice Malacort. Les agents sont inquiets par rapport à ce qui se passe ou qui pourrait se passer. Mais le rôle de l’ACTA est justement de s’occuper des intérêts des agents de voyages face aux problèmes qu’ils rencontrent. »

Karen Acs, cheffe de service principale commerciale d’Air Canada, était présente pour rappeler le décollage imminent des vols Montréal-Porto, Montréal-Naples et Ottawa-Londres, en plus d’une nouvelle liaison entre Vancouver et Manille, aux Philippines.

 

En attendant, il faut garder à l’esprit que tôt ou tard, la population des États-Unis va se réveiller, et c’est sans doute à partir de là que la situation va changer. « L’enjeu principal des dernières élections, c’était le coût de la vie, explique Patrice Malacort. Trump a dit qu’il allait tout régler rapidement, mais ça n’arrivera pas plus en 24 heures qu’en 24 mois, comme c’est parti. Les prix vont finir par exploser et son rêve de mégalomane va se dégonfler. »

Lueurs d’espoir

Pour l’heure, l’année 2025 est engagée dans une bonne progression. « Le tourisme est toujours en développement et on compte de plus en plus de retraités qui ont du temps et les moyens de voyager : il y aura peut-être des fluctuations, mais ça ne va pas s’arrêter du jour au lendemain », estime Patrice Malacort.

« Et si la situation se détériore, nous plaiderons pour aller chercher de l’aide gouvernementale pour les PME, car on peut bien sûr considérer les agences comme telles », d’ajouter le directeur.

C’est la première fois que Qatar Airways était présent aux événements de l’ACTA, en tant que partenaire commanditaire. Pour l’occasion, Tarik Achab Zekri, directeur de comptes principal du transporteur au Québec, tenait kiosque. On le voit ici en compagnie de Patrice Malacort.

 

C’est d’ailleurs le genre de sujet que celui-ci compte aborder la semaine prochaine, lors du Forum sur la protection des intérêts des conseillers. Outre la situation avec les États-Unis, Patrice Malacort traitera aussi des relations entre agents et fournisseurs, des fraudes de plus en plus fréquentes, des taux de commissions qui baissent ou qui sont menacés de tomber. « Notre rôle, à l’ACTA, est de bien identifier les préoccupations des agents et de les aider », dit-il.

Rappelons que les conseillers peuvent contribuer au Fonds de défense des intérêts en faisant un don ici.

 

Éducation, formation et recrutement

Au cours de la soirée, l’ACTA a aussi insisté sur l’importance de l’éducation et de la formation des agents, pour bien traverser cette période difficile – mais aussi pour performer en général. « Pour faire face à la concurrence, il faut se tenir au fait des tendances et mettre à jour ses outils, y compris l’IA », dit Serge H. Malaison.

Dans un proche registre, le recrutement de l’ACTA va bon train. « En 2024, nous avons accueilli une cinquantaine de nouveaux membres – parfois des agents, parfois des agences », constate Patrice Malacort. À quelque chose malheur est bon : la crise actuelle devrait lui amener davantage d’eau au moulin.

Yannick Julienne, qui représente l’Office de tourisme d’Arabie saoudite au Québec, ne tenait pas kiosque mais il était de passage pour rencontrer la communauté des agents de voyages.

« Pour les jeunes notamment, adhérer à l’ACTA est une belle opportunité de rencontrer des conseillers d’expérience, qui sont vieillissants et qui seront heureux de transmettre leurs connaissances à la relève », ajoute Serge H. Malaison.

Sur cette autre note optimisme, Serge H. Malaison conclut sur un message d’espoir pour 2025. « L’été s’annonce difficile, mais quand on sera arrivés en septembre, on sera rendus ailleurs, dit-il. Car on forme une maudite belle famille et ensemble, on réussit toujours à trouver une solution! »

 

Les fournisseurs présents

  • Aéroport Montréal-Trudeau
  • Air Canada
  • CroisiEurope
  • Croix Bleue
  • Enterprise Mobility
  • Exoticca
  • Hertz
  • Manuvie
  • Marriott International
  • Office de tourisme d’Espagne
  • Office de tourisme de Myrtle Beach
  • Office de tourisme de Nassau & Paradise Island
  • Qatar Airways
  • Sandos Hotels
  • Ultimate Hotels & Villas
  • World of Hyatt
  • World of Hyatt Inclusive Collection

Pour consulter la liste des démarches entreprises par l’ACTA pour la défense des intérêts des agents de voyages, en 2024, consultez ce document.

Info: acta.ca