Boeing 737 Max : WestJet pourrait faire face à des retards coûteux dans les livraisons

Le terrible incident d’Alaska Airlines, en janvier dernier, continue de créer des remous, cette fois-ci chez le transporteur de Calgary.


 Christopher Reynolds, La Presse canadienne

 

WestJet est présentement confronté à des retards de livraison d’une durée indéterminée sur des dizaines d’avions, après que la perte d’une porte-bouchon sur un 737 Max 9 d’Alaska Airlines, le 5 janvier dernier, ait entraîné un ralentissement de la production chez Boeing.

En 2022, le transporteur de Calgary a acheté 42 avions de ligne Boeing 737 Max 10, avec des options pour 22 autres – en plus d’une vingtaine de commandes précédentes encore en cours.

Les accords de plusieurs milliards de dollars étaient censés renforcer la flotte de WestJet d’au moins 65 avions – dont 50 Max 10 – d’ici 2029, dans le cadre d’une initiative que la compagnie aérienne a qualifiée de « point tournant décisif » visant à réduire les coûts de carburant et à « soutenir sa croissance. »

 

Une certification en attente

Mais le Max 10 n’a toujours pas reçu sa certification finale et, après l’incident d’Alaska Airlines, les régulateurs américains ont suspendu l’expansion de la production chez Boeing jusqu’à ce que les problèmes de sécurité soient suffisamment résolus.

Rappelons aussi que la Federal Aviation Administration (FAA) états-unienne a cloué au sol tous les 737 Max 9 pour inspection, le mois dernier, et qu’elle a lancé une enquête.

Au 5 février, 94 % des 144 avions Max 9 exploités par United Airlines et Alaska Airlines – deux tiers de tous les Max 9 en circulation dans le monde – avaient été autorisés à reprendre le service, selon la FAA.

 

WestJet confiante

« Nous continuons de travailler en étroite collaboration avec Boeing sur tous les aspects de la livraison des avions et des échéanciers, indique Madison Kruger, porte-parole de WestJet. Nous pensons que notre carnet de commandes et notre planification de la flotte ont assez de flexibilité pour soutenir nos plans de croissance ».

Le Max 10 est le plus grand avion de la dernière ligne de 737 et il émet 20 % moins de carbone par passager que la génération précédente. Le rajeunissement de la flotte de WestJet est essentiel pour assurer l’efficacité, réduire les coûts et prouver l’engagement du transporteur envers ses objectifs écologiques.

 

De l’eau dans le gaz

« Mais la capacité de WestJet à le faire est maintenant compromise par Boeing, estime pour sa part John Gradek, qui enseigne la gestion de l’aviation à l’Université McGill. Plus la flotte vieillit, plus elle devient coûteuse et moins efficace. Et si cet avion prend des années à voir le jour – s’il voit le jour – en raison de ce qui se passe, les plans que WestJet a pour le renouvellement de sa flotte seront compromis. »

Les 65 nouveaux avions commandés par WestJet représentent près de 40 % de sa flotte actuelle, selon Airfleets.net. Beaucoup d’entre eux remplaceraient probablement certains des 88 avions de la génération précédente de 737, au fil des années.

Le prix catalogue des 42 Max 10 commandés en 2022 s’élevait à 7,6 milliards de dollars, bien que ce type de gros achat s’accompagne généralement de remises importantes.

À l’époque, Boeing et WestJet avaient toutes deux souligné l’importance de l’accord.

 

Un appareil réputé hors du commun

« Le 737-10 sera un élément révolutionnaire, avec l’un des coûts par siège les plus bas parmi les avions de milieu de gamme, avait alors déclaré Stan Deal, chez Boeing, en septembre 2022. »

De son côté, WestJet avait alors déclaré que les avions renforceraient « la présence de la compagnie aérienne dans l’ouest du Canada et soutiendraient la croissance des offres transcontinentales et de loisirs » depuis l’est du pays.

 

Autres défis

Au-delà des retards de livraison, WestJet fait face à d’autres défis. Les deux compagnies aériennes à ultra bas tarifs d’Alberta – Flair Airlines et Lynx Air – continuent de concurrencer WestJet à la suite de l’arrêt des opérations de sa filiale à bas tarifs Swoop, en octobre dernier.

Une nouvelle entente avec ses pilotes a également augmenté les coûts de main-d’œuvre pour le deuxième plus grand transporteur du Canada, alors que les batailles pour une plus grande part du marché domestique et des destinations soleil se poursuivent.

Du reste, d’autres partenaires de Boeing sont susceptibles de ressentir l’impact de l’ordonnance de la FAA, qui limite la production de 737 à 38 par mois jusqu’à ce que le régulateur soit « satisfait que les problèmes de contrôle de qualité soient résolus. » Boeing avait initialement prévu d’augmenter la production à 42 appareils par mois, en 2024.