Qui a peur du Boeing 737 Max 9?

Alors que certains de ces appareils cloués au sol s’apprêtent à reprendre du service, comment retrouver la confiance pour remonter à bord?


 Entre aujourd’hui et ce dimanche, les Boeing 737 Max 9 de United Airlines et d’Alaska Airlines reprendront du service, après une inspection serrée exigée par la Federal Aviation Amdinistration (FAA) à la suite de l’incident du 5 janvier dernier.

Mais après avoir vu circuler les vidéos terrifiantes montrant un le 737 Max 9 d’Alaska Airlines, sans porte en plein vol, nombreux sont ceux qui pourraient rechigner à l’idée de monter à bord de l’un de ces appareils. Surtout quand on sait que les inspections ont révélé que la porte-bouchon de plusieurs appareils d’Alaska Airlines et de United Airlines avaient, eux aussi, des boulons desserrés, et que la FAA a interdit à Boeing de continuer à produire la famille des Max jusqu’à nouvel ordre.

En outre, si Alaska et United Airlines sont les deux seuls transporteurs états-uniens à utiliser cet appareil, d’autres compagnies (Copa Airlines, AeroMexico, Icelandair, Turkish Airlines, etc.) le font aussi : en tout, 218 exemplaires de cet appareil sont en circulation.

Comment faire, dès lors, pour remonter à bord de ce type d’avion sans avoir envie d’abuser de valiums ou de calmants?

 

UN PROCESSUS RIGOUREUX

D’abord, il faut savoir qu’aux États-Unis, c’est la FAA elle-même qui a imposé le processus d’inspection – et éventuellement de réparation – que les compagnies aériennes doivent suivre quant aux panneaux appelés bouchons de porte, dont l’un s’est détaché lors du vol 1282 d’Alaska Airlines, le 5 janvier.

Le directeur de la FAA, Mike Whitaker, affirme ainsi que l’examen par son agence de tout ce qui s’est passé depuis l’accident, y compris la collecte d’informations sur les inspections des bouchons de porte sur 40 autres avions, lui donne confiance et quil estime que les appareils visés seront sûrs tant que le nouveau processus d’inspection est suivi.

La FAA a ainsi exigé des compagnies aériennes qu’elles effectuent des « inspections visuelles détaillées » des bouchons de porte et d’autres composants, qu’elles ajustent les fixations et réparent tout dommage qu’elles auraient trouvé avant de remettre les Max 9 en service.

L’agence indique aussi que le processus a été développé d’après ce qu’elle a appris des inspections de 40 avions immobilisés. Ce processus implique qu’on retire un panneau intérieur, deux rangées de sièges et un revêtement de paroi latérale de la cabine. Les techniciens ouvrent ensuite le bouchon de porte, l’inspectent et font de même avec les composants environnants, puis ils effectuent les réparations nécessaires avant de sécuriser à nouveau le panneau.

 

LES GENS ÉVITERONT-ILS CES AVIONS ?

Les responsables d’Alaska Airlines ont déclaré jeudi qu’ils avaient perdu quelques ventes parmi les passagers qui ont réservé un vol jusqu’en février.

Ils n’ont cependant pas précisé combien de personnes ont évité le Max 9, mais ils ont prédit que cela ne durerait que quelques semaines. Ben Minicucci, le PDG d’Alaska Airlines, estime que « au début, les gens auront des questions, de l’anxiété », mais que « avec le temps », la confiance à l’égard de la sécurité de l’avion sera rétablie.

Il y a quelques années, les passagers sont ainsi revenus au Boeing 737 Max 8 après que deux d’entre eux se soient écrasés en 2018 et 2019, faisant 346 morts. Dans ce cas, Boeing avait dû reconcevoir un système de contrôle de vol automatisé avant que la FAA ne permette aux Max 8 et Max 9 de reprendre les vols après une mise à l’arrêt de 20 mois.

Du reste, la plupart des passagers ne prennent pas la peine de vérifier le type d’avion sur lequel ils ont réservé un vol, bien que plus de passagers l’aient fait après le vol 1282. Scott Keyes, fondateur du site de voyage Going, souligne ainsi qu’une fois que la FAA autorise les vols des avions – et s’il n’y a pas d’autres incidents – la mémoire du public a rapidement tendance à oublier.

 

L’AVION EST-IL SÛR ?

Il est beaucoup plus sûr de prendre l’avion et le train que de conduire une voiture, en terme de kilomètre parcouru, selon les chiffres du département américain des transports.

Les responsables des compagnies aériennes et les régulateurs de l’aviation aiment aussi rappeler qu’il n’y a pas eu de crash mortel d’un avion de ligne américain depuis 2009. Cependant, au cours de la dernière année, il y a eu une forte augmentation des incidents graves faisant l’objet d’enquêtes par les autorités fédérales.

 

BOEING EST-IL EN DIFFICULTÉ ?

La FAA enquête pour savoir si Boeing et ses fournisseurs ont suivi les procédures de sécurité appropriées dans la fabrication de la pièce qui s’est détachée de l’avion d’Alaska Airlines. Il pourrait d’ailleurs en résulter des sanctions.

De plus, la FAA déclare qu’elle n’autorisera pas Boeing à étendre la production des appareils 737 Max tant qu’elle ne sera pas convaincue que les préoccupations de contrôle de la qualité concernant l’entreprise ont été résolues.

Pendant ce temps, Airbus a pris une nette avance sur Boeing, battant l’entreprise américaine l’année dernière tant en termes de commandes que de livraisons de nouveaux avions de passagers. La dernière crise de Boeing pourrait aggraver les choses.

Le PDG de United, Scott Kirby, a pour sa part déclaré que sa compagnie aérienne envisage des alternatives au futur Max 10 en raison de l’incertitude quant au moment et à la certification éventuelle de l’avion par la FAA, qui accuse déjà plusieurs années de retard.