En cette veille de fête nationale française, un vent de nostalgie continue de m’embraser. Inévitablement, je repense à ma région natale. De nombreux Québécois y trouvent leurs racines tout comme moi, un ancêtre ayant quitté cette terre pour s’aventurer en “Neuve France”. Constat fréquent: beaucoup d’entre vous connaissent bien la Bretagne. Une région magique qui vous attire notamment dans les environs de Saint-Malo. Je vous invite aujourd’hui à pousser plus loin et parcourir un morceau de Bretagne à la pointe du Finistère. Un endroit qui ressemble à une carte postale. Difficile pour moi de rester impartial en évoquant ce morceau de pays qui est le mien.
Grandir à Morlaix, c’était inévitablement arpenter la “Baie de Morlaix” qui sépare le Trégor et le Léon. En remontant cette petite faille, le voyageur tombe nez à nez avec la cité balnéaire de Carantec, un village qui vient presque fermer l’entrée de la baie et qui nous offre des paysages majestueux. Suivez-moi sur le chemin de Carantec. Arpentons ensemble les nombreux sentiers aux points de vue majestueux qui jalonnent la côte. La magie bretonne hors des sentiers battus: c’est par ici.
L’estuaire de Morlaix: une route envoûtante
Pour rejoindre Carantec depuis Morlaix, le plus beau chemin à arpenter reste immanquablement la “route de la corniche”. En partant du port de Morlaix avec ses petits bateaux serrés les uns aux autres, je m’apprête à longer la rivière qui serpente le long de la baie. À marée basse, la vase s’empare des petites embarcations qui jalonnent le chenal. Je croise le village de Locquénolé, un arrêt à mi-chemin le temps d’apprécier la vue sur le microscopique port du Dourduff qui se détache de l’autre côté de la baie. La route est étroite et sinueuse. De petits murets de pierre me séparent de l’eau.
On aperçoit parfois des pêcheurs proche de la rivière Pennelé, en attente d’une prise. La baie s’élargit soudainement et l’on peut déjà entrevoir la silhouette massive du château du Taureau, gardienne du passage contre les envahisseurs anglais. À marée basse, quelques promeneurs munis de bottes en quête de coques peuvent être aperçus. Arrive alors le village de Carantec à la pointe ouest de la baie de Morlaix. Elle se referme sur celui-ci telle une serre de rapace. Derrière mon volant, c’est l’une des plus belles route de Bretagne que je viens de vivre. La presqu’île entourant Carantec est faite de petites falaises, les paysages y sont à couper le souffle. Gardée par de nombreux îlots, la baie est déjà la promesse d’une évasion comme seule la Bretagne en a le secret.
La plage du Clouet: belle discrète face à la baie
C’est à l’entrée de Carantec que l’on retrouve la plus grande de ses plages. Un chemin étroit et escarpé m’emmène au bord d’une crique silencieuse où reposent quelques bateaux de plaisance. Sable granuleux de toutes les couleurs, coques de bateaux multicolores, murs blancs des maisons dans le lointain, les îlots de la baie qui déchirent l’horizon: le panorama est délicieux.
Carantec: carte postale bretonne
Petit village d’à peine 3,000 âmes, des ruelles tortueuses s’y tracent un chemin. Carantec est assise sur un éperon rocheux. Il faudra descendre des rues escarpées pour rejoindre ses plages des deux cotés de la presqu’île. C’est un peu notre San-Francisco local. Vos mollets s’en souviendront si vous décidez de faire une grande boucle. Que vous choisissiez les plages du Kelenn ou de la Grève blanche, sachez que celles-ci sont interconnectées par un sentier et la balade est fabuleuse. De belles maisons se pâment sur les bords des plages. Station balnéaire réputée depuis le début du tourisme dans les années 1900, Carantec séduit. Je m’évade au gré des rues étriquées. Les murets sont remplis de fleurs poussant entre les pierres, les plaques des maisons sont décorées, les jardins remplis de couleurs; la balade est un régal. Sur la petite place centrale du bourg, mon regard croise l’église Saint-Carantec et ses gargouilles pleines de mousse. C’est le moment de retrouver la plage du Kelenn, point de rendez-vous des marcheurs.
Le sentier des douaniers: beauté de la pointe Penn Al Lann
Tâche ardue que de nommer le plus beau sentier côtier de Bretagne, ils ont tous un petit quelque chose de distinctif. Bien sûr, comment ne pas penser aux fameux sentiers de la côte de Granit rose. Pour moi, le plus magique d’entre eux restera le sentier des douaniers sur la pointe de Penn Al Lann. C’est un petit chemin saupoudré de fleurs et de fruits sauvages que j’arpente. Quelques marches de bois me font grimper le long de falaise. Les buissons me laissent entrevoir de nombreuses plages en demi-lune. Comment résister à la magie de ces plages sublimes cachées dans des criques à l’abri du vent, un havre de paix bien discret. Les petits bateaux de pêche ondulent sur l’eau, la mer est d’un bleu caribéen, l’école de voile vogue à l’horizon et les mouettes forment un ballet au-dessus de ma tête. Le paradis est sûrement un peu breton.
C’est au bout de la pointe Penn Al Lann que le spectacle envoûte le promeneur. Ici, on domine l’entrée de la baie de Morlaix. Des petites plages cachées au creux de la falaise peuvent être approchées comme la plage “Tahiti”! Le panorama est époustouflant. On admire les gardiens de la baie: un ensemble d’îlots rocheux massifs empêchant le passage des navires.
L’imposante structure au coeur de la baie est le château du Taureau, véritable symbole. Construit au 16ème siècle et aménagé par Vauban au 17ème siècle, ce fort fut d’abord un bastion militaire empêchant les incursions britanniques. Il fut ensuite reconverti en prison lors de la révolution. Longtemps laissé à l’abandon, réaménagé pendant plusieurs années, on peut aujourd’hui le visiter. Des navettes permettent dorénavant aux visiteurs de faire l’expérience du Château du Taureau.
Autre grande icône voisine: l’île Louet. Véritable image de carte postale, elle représente presque à elle seule la Bretagne. On y retrouve un petit phare et l’ancienne maison du gardien. Le phare a été construit en 1860 et son gardien l’a quitté en 1962, date à laquelle il a été automatisé.
Note: il est possible de dormir dans la maison du phare, des forfaits de 2 jours/2 nuits sont disponibles entre avril et octobre. Attention, il faut s’y prendre presque un an à l’avance, car c’est un véritable succès.
Sentier côtier: direction la place de la grève blanche
Le sentier qui rejoint la grève blanche est un pur plaisir. Partant de la plage du Kelenn, il longe toute la côte et la ville pour rejoindre l’autre côté du village en face de l’île Callot. Un petit sentier de terre monte le long de la falaise, des murets de pierres sont remplis de fleurs sauvages. La végétation est telle que l’on croise très souvent des tunnels de verdure. Au fur et à mesure que le sentier grimpe et serpente le long de la côte, des points de vue magnifiques s’offrent aux baladeurs. Les hortensias se retrouvent partout et parsèment le chemin de leurs couleurs. Au milieu de celui-ci, un promontoire permet de dominer d’un seul regard le village de Carantec. On aperçoit alors la plage de la Grève Blanche, les flèches de la cathédrale de St-Pol de Léon, ainsi que les contours de l’île Callot, c’est majestueux. En contrebas, d’autres petites plages se cachent. L’eau bleue y est hypnotique et on a parfois du mal à se croire au pays du crachin breton. Le chemin bifurque dans le village avant de reprendre sa course et terminer sur la fameuse “Grève Blanche”. Ici, le baladeur est dominé par les grandes villas qui surplombent la mer. L’embarcadère pour les pêcheurs se cache parfois sous l’eau au gré des marées et l’île Callot est si proche que l’on aurait envie de l’atteindre à la nage. Nostalgie: cette plage est indissociable de mon ADN, j’y ai un peu grandi. J’ai grimpé sur ces rochers, attrapé des crevettes dans mon épuisette … C’est la plage de mon enfance.
Verdict du chroniqueur
Arpenter les sentiers autour de Carantec est l’un des plus beaux moments d’un voyage en Finistère. Ici, on retrouve des points vue magistraux sur l’une des plus belles baies de France. Vous aurez l’opportunité de butiner de plage en plage le long du sentier des douaniers, entouré des fleurs, du cri des mouettes et du bleu de l’océan. Venez visiter le nord du Finistère et vous ne serez plus capables de repartir de la baie de Morlaix: c’est garanti!
À LIRE
UN HIVER EN BRETAGNE (Michel Le Bris -1996) – Déclaration d’amour à la baie de Morlaix par un auteur de la région. |