Des experts en maladies infectieuses et en médecine déclarent que les restrictions de voyage du gouvernement fédéral sont inefficaces pour protéger les Canadiens contre la propagation de la COVID-19

23 septembre 2022 –  La Table ronde canadienne du tourisme et du voyage a accueilli favorablement la publication du rapport « Leçons tirées: évaluation des exigences du Canada en matière de frontières et de voyages en temps de pandémie », dont les auteurs, quatre médecins canadiens spécialisés dans la gestion des maladies infectieuses, la médecine d’urgence, et la gestion des pandémies, ont évalué l’incidence et l’efficacité des mesures frontalières et d’autres restrictions de voyage introduites par le gouvernement canadien pour gérer la pandémie de COVID-19.

Après une étude de la littérature existante et des meilleures pratiques adoptées dans d’autres pays, le rapport conclut ce qui suit :

  • Les mesures frontalières sont en grande partie inefficaces pour empêcher les variants préoccupants d’entrer et de se propager au Canada, et il est peu probable qu’elles y parviennent dans l’avenir. Au mieux, on estime que les restrictions de voyage préventives retardent de quelques jours l’incidence d’un variant préoccupant;

  • Il n’existe aucune preuve convaincante que le dépistage avant le départ et à l’arrivée et la surveillance ont un effet considérable sur la transmission locale dans les communautés à travers le Canada;

  • Le dépistage lié aux voyages est inefficace pour identifier les cas de COVID-19 et prévenir la propagation du virus; il ne devrait plus être imposé. D’autres mesures, comme l’analyse des eaux usées communautaires, sont des mécanismes de surveillance accessibles permettant de détecter les variants sans incommoder les voyageurs ni nécessiter d’importantes ressources de la part des gouvernements et de l’industrie.

  • L’obligation du port du masque est incohérente du point de vue de la politique publique. Le transport aérien est l’un des modes de déplacement les plus sûrs en termes de risque de transmission, avec des taux de renouvellement de l’air élevés.  À ce titre, on peut s’interroger sur l’intérêt de ces mandats ciblant le secteur du voyage, surtout lorsqu’ils ne sont pas appliqués dans la société et par d’autres pays.

Bien que certains signaux publics indiquent que le gouvernement fédéral lèvera certaines mesures sanitaires reliées à la COVID-19 qui sont encore en place avant la fin du mois, le rapport devrait servir de guide pour aider à la planification des prochains stades pandémiques, car la prise de décision fondée sur la science est essentielle à une gestion réussie des maladies infectieuses.

« Nous avons beaucoup appris depuis mars 2020. Selon les données scientifiques, utiliser des outils de gestion de pandémie dans l’industrie du voyage trois ans après le début de la pandémie de COVID-19 n’est plus nécessaire ni approprié. Il s’est maintenant écoulé suffisamment de temps pour évaluer scientifiquement l’efficacité des restrictions de voyage introduites par le gouvernement fédéral à contenir la propagation du virus et des variants », a affirmé le Dr Zain Chagla, professeur agrégé, division des maladies infectieuses de l’Université McMaster. « En étudiant la littérature et en comparant la réponse du Canada aux pratiques exemplaires d’autres pays, nous avons pu conclure que les restrictions introduites pendant la vague d’Omicron étaient largement inefficaces et ne devraient pas être maintenues ou réintroduites. »

« L’imposition continue de mesures frontalières au Canada était coûteuse, illogique et incohérente », a déclaré le Dr Dominik Mertz, professeur agrégé, directeur de la division des maladies infectieuses de l’Université McMaster. « Alors que la population canadienne était libre d’assister à des concerts, à des événements sportifs et à de nombreuses autres activités quotidiennes, l’industrie du voyage était toujours aux prises avec des mesures non justifiées par la science. Rétrospectivement, cela n’avait aucun sens. »

« Le dépistage avant le départ et à l’arrivée n’a pas eu l’effet escompté parce qu’il n’a pas permis de faire la distinction entre un voyageur infecté et un voyageur non infecté dont le résultat positif était attribuable à une infection précédente », a expliqué le Dr Karl Weiss, professeur de médecine à l’Université McGill et chef du service de maladies infectieuses-microbiologie de l’Hôpital général juif à Montréal. « Le gouvernement fédéral ne devrait pas réintroduire les mesures antérieures et devrait supprimer les restrictions restantes, car elles n’ont qu’une incidence limitée à ce stade. »

« Il existe un écart manifeste entre les mesures appliquées au secteur du voyage et du tourisme international, surtout lorsqu’on les compare aux mesures appliquées à d’autres modes de transport, comme les transports en commun, et aux mesures sanitaires instaurées dans la communauté en général », a dit le Dr David Carr, professeur agrégé, division de la médecine d’urgence à l’Université de Toronto et médecin urgentiste au University Health Network. « Sur la base des données et des preuves actuelles, il est temps de revoir complètement l’approche du gouvernement canadien en matière de dépistage et de surveillance des passagers aériens. Le Canada doit commencer à aligner ses politiques sur celles des pays comparables. »

« La semaine dernière, l’Organisation mondiale de la Santé a annoncé que le nombre de décès attribuables à la COVID est à son plus bas depuis mars 2020. Avec cette nouvelle, il est encore plus clair que ce qui avait du sens au début de la pandémie n’en a plus aujourd’hui. Les règles de voyage du Canada étaient en décalage avec celles de la communauté internationale et n’ont pas eu l’impact souhaité en matière de prévention de la propagation des variants préoccupants à même nos frontières », a déclaré l’honorable Perrin Beatty, C.P., O.C., coprésident du rapport et président et chef de la direction de la Chambre de commerce du Canada. « Le rapport publié aujourd’hui confirme que le Canada doit adapter sa réponse en fonction de l’évolution du paysage pandémique. Nous espérons que le gouvernement fédéral tiendra compte des conseils judicieux et urgents de ces médecins respectés, qui concluent que les mesures frontalières qui ne sont pas fondées sur la science ne sont pas la solution. »

« Nous sommes profondément reconnaissants des auteurs de ce rapport pour leur travail exemplaire », a ajouté Beth Potter, coprésidente du rapport sur les leçons apprises, et présidente et directrice générale de l’Association de l’industrie touristique du Canada. « Le Canada est depuis longtemps reconnu pour son ouverture, et notre réponse à la menace de la COVID-19 et de toute autre maladie infectieuse doit être ancrée dans cette valeur. Nous souhaitons que ce rapport fournisse aux Canadiens des preuves solides et scientifiques des leçons à tirer de notre gestion collective de la pandémie et guide le processus de prise de décisions à l’avenir. »

Cliquez ici pour consulter le rapport dans son entièreté.