Le gouvernement fédéral devrait supprimer la règle de quarantaine à l’hôtel

28 mai 2021 – Selon un nouveau rapport d’un groupe consultatif gouvernemental, les mesures canadiennes de quarantaines à l’hôtel pendant 3 jours pour les voyageurs en avion sont considérées comme coûteuses et incohérentes, comportant des lacunes et devraient être supprimées.

Les experts, principalement des médecins, sont chargés de conseiller la ministre de la Santé Patty Hajdu sur les mesures de test et de dépistage de la COVID-19.

Ce nouveau rapport porte sur les mesures prises par le Canada au sol et aux frontières, ainsi que sur les règles à mettre en place pour les voyageurs vaccinés, notamment sur le fait que ceux qui sont totalement immunisés ne devraient pas être mis en quarantaine.

Le rapport indique que le Canada devrait continuer à dépister les cas positifs chez les voyageurs internationaux pour les variants les plus transmissibles, mais qu’il devrait mettre fin à sa politique consistant à obliger les voyageurs aériens à séjourner dans des « hébergements autorisés par le gouvernement ».

Il recommande que toute modification des mesures frontalières se fasse par étapes et tienne compte du fait que le pays lutte contre une troisième vague de la pandémie, qui est, à certains égards, la plus grave.

PLOBLÈMES LIÉS À LA POLITIQUE DE QUARANTAINE À L’HÔTEL

En ce qui concerne la politique elle-même, le rapport note que le fait d’obliger les personnes arrivant par avion à séjourner dans un hôtel pendant les trois premiers jours de leur quarantaine de 14 jours a probablement amélioré le respect de la politique. Mais le rapport détaille plusieurs problèmes liés à cette politique.

Tout d’abord, certains voyageurs choisissent de payer une amende pouvant aller jusqu’à 3 000 dollars pour ne pas rester à l’hôtel et ne pas respecter la quarantaine.

Outre la contrainte que représente le fait d’obliger les voyageurs à réserver et à payer un séjour de trois nuits dans un hôtel approuvé par le gouvernement, le rapport indique que « la gestion de la quarantaine dans les hôtels entraîne des coûts administratifs et des dépenses considérables », qui pourraient être utilisés ailleurs pour lutter contre la pandémie.

Selon les experts, étant donné que seules les personnes arrivant par avion au Canada doivent être mises en quarantaine à l’hôtel, certaines personnes font un détour par un aéroport américain et entrent dans le pays par une frontière terrestre où une telle règle n’existe pas.

Enfin, le groupe d’experts a déclaré que l’exigence de trois jours ne correspond pas aux données scientifiques concernant la période d’incubation de la COVID-19.

« Des recherches récentes indiquent également que des aides spécifiques liées à un soutien financier, à un hébergement temporaire si nécessaire, à une communication claire, à une recherche efficace des cas contact et à un contrôle de routine contribueraient à un meilleur respect des règles (contrairement à la mise en quarantaine obligatoire dans un lieu spécifique) », indique le rapport.

Selon les experts du groupe consultatif, le gouvernement devrait tout de même veiller à ce que les voyageurs devant être mis en quarantaine et n’ayant pas de plan soient obligés de rester dans des installations de quarantaine désignées.

Les critiques du groupe d’experts sont les mêmes questions auxquelles le Premier ministre Justin Trudeau et ses ministres ont dû faire face pendant des mois depuis l’entrée en vigueur de la règle plus tôt cette année.

Ils ont à maintes reprises défendu les mesures frontalières du pays comme étant efficaces et nécessaires pour lutter contre la propagation du virus.

QUELLES DEVRAIENT ÊTRE LES NOUVELLES MESURES ?

Interrogé plus tôt dans la journée sur la politique de quarantaine à l’hôtel, Justin Trudeau n’a pas précisé de date à laquelle elle pourrait prendre fin, étant donné que de plus en plus de Canadiens et d’autres voyageurs se font vacciner contre la COVID-19.

« Le gouvernement du Canada continuera de surveiller et d’examiner toutes les données et preuves scientifiques disponibles afin d’éclairer les futures mesures relatives aux frontières et aux voyages, et il adoptera une approche prudente, en gardant à l’esprit la santé et la sécurité des Canadiens », peut-on lire dans une déclaration conjointe de Patty Hajdu et du ministre de la Sécurité publique et de la Protection civile, Bill Blair, après la publication du rapport.

« Le gouvernement du Canada tiendra également compte des recommandations du groupe d’experts pour déterminer comment les stratégies de dépistage et de quarantaine devraient évoluer en fonction du statut vaccinal. »

Selon le rapport, les voyageurs qui ont reçu l’une des deux injections devraient être tenus d’en fournir la preuve et de se soumettre à un test de dépistage de la COVID-19 72 heures avant leur arrivée, puis à leur entrée au Canada. Ils devraient ensuite rester en quarantaine chez eux jusqu’à ce que le test soit négatif.

Selon les experts, les voyageurs entièrement vaccinés devraient également fournir une preuve, mais ne devraient pas effectuer de test avant leur départ et ne devraient en réaliser un qu’à leur arrivée « pour des raisons de surveillance ».

« L’autosurveillance des symptômes et la quarantaine ne sont pas nécessaires, sauf si le test PCR à l’arrivée confirme un résultat positif », précisent-ils.

Selon leur rapport, les voyageurs non vaccinés qui ne sont pas considérés comme des travailleurs essentiels doivent effectuer un test avant leur départ et à leur arrivée. Ils doivent ensuite effectuer un autre test sept jours après le début de leur quarantaine et « partir dès réception d’un test négatif ».

Si les personnes qui n’ont pas été vaccinées ne passent pas le test pendant leur quarantaine, elles devraient être obligées rester en quarantaine pendant les 14 jours complets.

« Le panel reconnaît également qu’il y aura un certain nombre de considérations concernant la “certification” des vaccins », indique le rapport.

« Un système permettant de valider la preuve de vaccination des voyageurs à l’arrivée devrait être mis à disposition dès que possible. »

Source : The Canadian Press

Traduction : Emmanuelle Bouvet