Le passeport de vaccination numérique dissuadera-t-il les Canadiens plus âgés de voyager à l’étranger ?

27 août 2021 – Le « passeport de vaccination » du Canada arrive dès l’automne, inaugurant une nouvelle ère de voyages internationaux en plein COVID-19.

Bien que l’idée d’une preuve de vaccination ait suscité la controverse dans le monde entier au cours des derniers mois, notamment aux États-Unis dans des destinations comme la Floride, où le gouverneur Ron DeSantis a interdit le passeport vaccinal en mai, un système de vaccination à l’échelle du pays a, dans l’ensemble, été bien accueilli ici au Canada. Selon l’Enquête consommateurs 2021 de Travelweek, qui a interrogé 2 599 Canadiens en juin, une proportion écrasante de 94 % des répondants ont déclaré qu’ils prévoyaient de se faire vacciner une fois admissibles, et 53,5 % d’entre eux sont en faveur des passeports de vaccination pour les voyages internationaux.

Le premier ministre Justin Trudeau a d’abord annoncé en juin un système de preuve de vaccination à deux voies pour le Canada, la première voie permettant aux Canadiens entièrement vaccinés d’entrer leurs résultats de test de COVID-19 et leurs plans de quarantaine sur l’application ArriveCAN. Bien que peu de détails aient été révélés sur la deuxième voie – la solution nationale à venir – nous savons qu’elle est coordonnée en collaboration avec les provinces et les territoires et qu’elle sera essentiellement numérique, les voyageurs devant présenter une preuve de vaccination sur leurs appareils mobiles.

Bien qu’un format papier soit disponible pour ceux qui le préfèrent, le passeport numérique pourrait dissuader certains Canadiens de voyager à l’étranger, en particulier les « snowbirds » et les voyageurs plus âgés qui ne sont peut-être pas aussi férus de technologie que les jeunes. Selon l’Association canadienne des snowbirds, sur ses 115 000 membres, environ 10 % voyagent sans appareil mobile.

Qu’est-ce que cela signifie pour les voyageurs plus âgés ? Quel sera l’impact du passeport vaccinal obligatoire sur leurs futurs projets de voyage ? Nous avons interrogé trois experts du secteur :

JILL WYKES, SNOWBIRD ADVISOR

Jill Wykes, rédactrice en chef de Snowbird Advisor, une ressource en ligne pour les snowbirds canadiens, explique à notre rédaction que, contrairement à la croyance populaire, la plupart des snowbirds sont en fait des adeptes de la technologie « parce qu’ils voyagent pendant de longues périodes chaque hiver, et que la plupart d’entre eux utilisent les services bancaires en ligne » et d’autres ressources en ligne. Mais bien sûr, ajoute-t-elle, « quelques-uns auront du mal avec une version numérique ».

Snowbird Advisor a estimé l’hiver dernier qu’environ 30 à 35 % des snowbirds voyageaient. Plus récemment, une enquête a révélé que 90 % d’entre eux avaient l’intention de voyager cette année (bien que ce soit avant le début de la quatrième vague dans le sud des États-Unis et dans d’autres régions).

Il est évident que les voyageurs plus âgés n’hésitent pas à partir à l’étranger. Toutefois, le plus grand défi auquel ils seront confrontés ne sera pas le passeport de vaccination numérique, selon Mme. Wykes.

« Ce sont les exigences de chaque destination en matière de statut vaccinal qui vont poser problème. Je ne pense pas que le passeport suscite l’appréhension des gens – il s’agit de savoir quelles sont les règles et de rester à jour avec tout cela », dit-elle. « Mais les agents de voyages jouent un rôle précieux en informant leurs clients snowbirds de toutes les conditions d’entrée en ce qui concerne le statut vaccinal, les tests et autres. »

MICHELLE SUGGETT, FLIGHT CENTRE TRAVEL GROUP

Michelle Suggett partage également l’avis de Jill Wykes, affirmant que les snowbirds et les voyageurs plus âgés semblent aller à l’encontre du stéréotype selon lequel ils ne sont pas familiers avec la technologie, notant qu’ils sont capables d’utiliser des systèmes tel que Nexus.

« Tout au long de la pandémie, notre clientèle âgée a adopté le numérique pour accepter les paiements virtuels, les factures électroniques, etc. La technologie devient donc de moins en moins un obstacle pour eux. Ils s’inquiètent de la facilité d’utilisation, mais dans l’ensemble, ils apprécient un niveau de sécurité supplémentaire, tant pour eux-mêmes que pour ceux qui voyagent avec eux », explique Mme. Suggett.

C’est une bonne nouvelle pour les agences de voyages, ajoute-t-elle, car une plus grande confiance des voyageurs entraînera probablement une augmentation des réservations.

« La sécurité est leur principale préoccupation et le fait de savoir que des contrôles sont en place et que les autres voyageurs devront être vaccinés contribuera grandement à leur donner confiance », ajoute-t-elle.

Lorsqu’on lui demande comment les agents de voyages peuvent aider leurs clients snowbirds et plus âgés qui pourraient avoir du mal à s’adapter au nouveau système de vaccination, Mme Suggett souligne l’importance d’être proactif.

« Prenez contact avec eux et demandez-leur s’ils ont des inquiétudes au sujet du passeport vaccinal et comment vous pourriez les rassurer. Essayez de découvrir, de tester et/ou d’obtenir un retour d’information sur des expériences réelles avec le passeport vaccinal une fois qu’il sera opérationnel, afin de pouvoir parcourir le système avec eux et répondre à leurs questions si nécessaire. Le fait de leur fournir les informations et de leur apporter un confort supplémentaire ne fera qu’augmenter votre valeur en tant que conseiller de confiance », déclare Suggett.

CHRISTINE JAMES, TL NETWORK

Christine James, vice-présidente pour le Canada, explique à notre rédaction que si le passage au numérique sera clairement un défi pour certains snowbirds et voyageurs plus âgés, ce ne sera pas un obstacle majeur car un format papier leur sera proposé. De plus, les snowbirds ne font généralement qu’un seul voyage au cours de la saison hivernale, et même si l’application ArriveCan est actuellement disponible, Santé Canada recommande toujours d’avoir un document papier en réserve.

Lorsqu’on lui demande si le passeport vaccinal dissuadera les voyageurs plus âgés de réserver un voyage, Mme. James répond que ce sera probablement le contraire.

« La plupart des voyageurs canadiens d’aujourd’hui ont été entièrement vaccinés et auraient l’esprit plus tranquille en sachant que les autres voyageurs prennent tous les mêmes précautions », affirme Mme. James.

La seule difficulté que Mme James entrevoit pour ce groupe démographique en ce qui concerne le passeport vaccinal est qu’il n’y a personne sur place pour les aider dans le processus de demande.

Son conseil aux agents de voyages, qui peuvent éventuellement les aider dans cette démarche ? « Soyez patients, soyez prêts à répondre à leurs questions et, si nécessaire, proposez-leur de les accompagner dans leurs démarches. »

Source : Cindy Sosroutomo pour le groupe Travelweek/Profession voyages