Le syndicat des agents de bord d’Air Canada rejette une proposition d’arbitrage

Celui-ci affirme avoir « respectueusement refusé » une proposition de la compagnie aérienne visant à engager un processus d’arbitrage exécutoire.


Nouveau revers dans les négociations entre Air Canada et le syndicat qui représente ses agents de bord : celui-ci rejette la proposition d’arbitrage initiée par le transporteur. Celle-ci survient à quelques heures seulement du moment où la section d’Air Canada du Syndicat canadien de la fonction publique (SCFP) pourrait annoncer son intention de déclencher une grève ce week-end.

Le moment le plus tôt où les agents de bord pourraient débrayer est samedi à 0 h 01 (HE). Étant donné que le syndicat doit fournir un préavis de 72 heures avant une grève, il pourrait annoncer ses intentions à partir de mercredi à 0 h 01 (HE).

Dans une mise à jour transmise à ses membres mardi après-midi, le SCFP a indiqué que la compagnie « a décidé qu’elle ne voulait plus négocier ». Le syndicat a joint à son message une lettre reçue d’Air Canada, datée de lundi, dans laquelle la compagnie proposait de recourir à l’arbitrage pour conclure une nouvelle convention collective.
Dans l’intervalle, cela suspendrait le droit de grève du syndicat ainsi que le droit d’Air Canada de mettre ses membres en lock-out, précisait la lettre.

 

Un pas de plus vers une grève?

La semaine dernière, les agents de bord ont voté à 99,7 % en faveur de l’octroi d’un mandat de grève à leur syndicat.

« Après huit mois de négociation, nous n’avons pas réussi à conclure une entente de principe malgré nos meilleurs efforts et ceux du Service fédéral de médiation et de conciliation », indiquait la lettre, signée par Arielle Meloul-Wechsler, vice-présidente générale et chef des ressources humaines d’Air Canada.

« Recourir à un arbitrage d’intérêt permettra aux agents de bord, au SCFP, à Air Canada et à Air Canada Rouge d’avancer sans plus de retard ni d’incertitude, deux éléments qui pèsent sur nous tous. »

La lettre rappelait qu’Air Canada et le SCFP avaient déjà eu recours à l’arbitrage avec succès lors de négociations précédentes. Mais le SCFP a qualifié la proposition de moyen « de préserver un système d’exploitation et de retirer la voix [des membres] ».


Négocier à table ou rien

« Tout le monde sait que les meilleures ententes se négocient à la table, et non pas qu’elles soient imposées par un tiers extérieur », a déclaré le syndicat à ses membres.
Celui-ci a aussi souligné que, contrairement à une entente négociée, les membres ne pourraient pas voter sur la décision d’un arbitre, celle-ci étant finale.

Le syndicat a également affirmé que les arbitres « s’appuient sur les précédents et le statu quo pour rendre leurs décisions », ce qui va à l’encontre de ses objectifs à la table de négociation.

« Les agents de bord d’Air Canada cherchent à rompre avec le statu quo en mettant fin à l’abus historique du travail non rémunéré dans cette industrie », a-t-il déclaré. « Air Canada veut qu’un arbitre fasse le sale boulot pour maintenir le statu quo. »

 

Points de blocage

Le syndicat affirme que ses principaux points de blocage concernent ce qu’il appelle les « salaires de pauvreté » des agents de bord et le travail non rémunéré lorsque les avions ne sont pas en vol.

Il a indiqué mardi à ses membres avoir soumis une proposition visant une augmentation annuelle liée au coût de la vie, avec un rattrapage « pour atteindre le niveau où nous devrions être en 2025 ». Il réclame également une rémunération à 100 % pour toutes les heures travaillées, précisant qu’Air Canada propose pour l’instant « de ne reconnaître qu’une partie de vos contributions essentielles en matière de sécurité et seulement à hauteur de 50 % ».

Le syndicat a donc envoyé mardi une lettre officielle à Air Canada refusant sa proposition. Il a exhorté la compagnie à poursuivre les négociations.

« Nos membres nous ont clairement donné un fort mandat de grève, reflétant leur détermination à obtenir un contrat qui règle les enjeux clés, notamment les salaires, le travail non rémunéré, les indemnités journalières, les régimes de retraite, les règles de travail et les dispositions relatives au repos, dont plusieurs demeurent en suspens », a déclaré Wesley Lesosky, président de la section Air Canada du SCFP, dans la lettre.

« Nous restons déterminés à utiliser tous les outils à notre disposition dans le cadre du processus de négociation pour parvenir à une entente négociée qui répond aux besoins de nos membres. »