Les mariages à destination sont-ils impossibles en 2021 ? Les spécialistes du mariage nous répondent

15 avril 2021 – Au cours d’une année normale, Louie Di Tacchio se retrouve habituellement à cette période à répondre à de nombreux appels de clients pour des mariages à destination. Mais en raison de la pandémie mondiale, le propriétaire de Progress Travel Plus, à Ajax, en Ontario, n’a aucun signe de mariages à l’étranger. Liz Scull, directrice générale pour le Canada de la Destination Wedding & Honeymoon Specialists Association (DWHSA) nous explique la situation et ses projections.

Cela n’est évidemment pas surprenant compte tenu des restrictions de voyage en vigueur au Canada, considérées comme étant parmi les plus strictes au monde, et de l’absence de vols d’hiver au départ du Canada jusqu’au 30 avril, une directive annoncée par le premier ministre Justin Trudeau en janvier pour les quatre principales compagnies aériennes canadiennes afin d’atténuer la propagation de la COVID-19. Ces derniers jours, Sunwing et WestJet ont prolongé la suspension de leurs vols d’hiver, respectivement jusqu’au 23 juin et au 4 juin.

Avec l’absence de vols, les tests obligatoires de COVID-19 avant l’arrivée et une règle de quarantaine de trois jours qui continue de dévaster l’industrie du voyage au Canada, il n’est pas étonnant que les couples aient mis un frein à leurs projets de mariage pour le moment.

« Le plus grand défi auquel nous sommes confrontés lors de l’organisation d’un mariage pendant la pandémie est de faire en sorte que les clients s’engagent car ils veulent savoir si leur argent sera remboursé si quelque chose se produit en raison de la COVID-19 », explique Louie Di Tacchio. « Ils ne veulent pas bloquer leur argent en sachant qu’ils ne recevront qu’un bon d’échange comme par le passé. C’est pourquoi la flexibilité pour changer les dates ou annuler est une priorité absolue désormais. »

Valerie Murphy, conseillère en voyages chez Vision Travel Solutions à Cambridge, en Ontario, constate des préoccupations similaires chez ses clients. Bien qu’elle ait eu quelques demandes de renseignements sur des mariages cette année, elle indique que le plus grand obstacle pour elle a été les mariées et leurs familles qui hésitent à demander à leurs amis et leur famille de dépenser de l’argent pour un voyage qui pourrait finir par être annulé, auquel cas les fournisseurs ne fourniront que des crédits de voyage futurs – et non des remboursements.

« Je comprends pourquoi les fournisseurs ne remboursent pas, mais c’est là le plus gros problème. Les gens ne veulent pas demander à leurs amis et à leur famille de dépenser de l’argent pour un voyage qui peut ou non avoir lieu et d’avoir ensuite un bon de voyage futur qu’ils ne pourront peut-être pas utiliser », dit Valerie Murphy. « Souvent, dans les groupes, il y a des personnes qui voyagent rarement ou jamais, et le futur bon de voyage ne leur est donc d’aucune utilité. Ils n’allaient voyager que pour ce mariage en particulier ».

Ce qui aiderait, ajoute Valerie Murphy, c’est que le gouvernement fédéral fournisse une sorte de « feuille de route », ou une estimation de la date de reprise des voyages, sans aucune des restrictions actuelles. Si cela était possible, « je pense que nous pourrions obtenir davantage de réservations », dit-elle.

RÉSERVER POUR 2023: BONNE OU MAUVAISE IDÉE ?

Le marché canadien des mariages à destination a été énormément touché par la pandémie mondiale. S’adressant exclusivement à notre rédaction, Liz Scull, directrice générale pour le Canada de la Destination Wedding & Honeymoon Specialists Association (DWHSA), déclare que les membres canadiens de l’association signalent une baisse de 90 % des réservations immédiates. Les règles de quarantaine du Canada étant toujours en vigueur et les vols soleil n’étant pas encore d’actualité, la demande de mariages à destination est « très faible » pour 2021, raison pour laquelle la DWHSA recommande aux agents de réserver jusqu’en 2023.

« Compte tenu des règles de confinement strictes du Canada et de l’incertitude quant aux tests et aux règles de quarantaine obligatoire, il est probablement plus sûr de recommander des dates pour 2022 et même 2023 pour les futures réservations de mariage à destination », déclare Liz Scull. « Il y a des offres fantastiques sur le marché en ce moment et les voyagistes offrent des options de réservation flexibles pour attirer les réservations. Mais pour 2021, à moins qu’il ne s’agisse d’une réservation de 2020 et qu’ils cherchent à faire une nouvelle réservation ou que les restrictions de voyage changent, je ne vois pas un énorme afflux de mariages à destination. »

Cette année est peut-être un échec pour les spécialistes des mariages à destination, mais cela ne veut pas dire qu’il n’y a pas de raison d’être optimiste pour l’avenir. Liz Scull ajoute qu’il y a eu une « vague d’encouragement » au cours des deux dernières semaines et que la DWHSA commence à voir de nouvelles réservations arriver pour 2022-2023, les membres recevant plus d’appels pour réinscrire des mariages qui ont été annulés au cours de l’année dernière.

« La plupart des couples qui ont annulé leur mariages à destination de 2020 et même de 2021 ont reçu des crédits de voyage futurs émis par les voyagistes. Ils sont maintenant en train de réorganiser leurs mariages pour la troisième fois et, espérons-le, pour la dernière fois », a déclaré Liz Scull.

« De nombreux membres de la DWHSA au Canada demandent à leurs clients de choisir de nouvelles dates dès que possible en raison de la saturation qui existe en ce moment dans de nombreux complexes balnéaires et pour bénéficier de prix exceptionnellement bas que nous avons aujourd’hui. Mais en même temps, les Canadiens ne sont pas sûrs de pouvoir voyager en 2021. Nous espérons que la quarantaine sera levée et que le vaccin les aidera à changer d’avis. Si c’est le cas, ne soyez pas surpris de voir des clients qui veulent “un mariage de dernière minute” à l’automne ! »

Source :  Cindy Sosroutomo pour le groupe Travelweek/Profession voyages

Traduction : Emmanuelle Bouvet