Levée de boucliers sur la taxe sur les croisières au Mexique

La mesure approuvée mardi a déjà été adoptée par la chambre basse et entrera en vigueur en 2025. 


En début de semaine, le Sénat mexicain a voté en faveur de l’instauration d’une taxe de 42 $ US par passager de croisière pour les escales, suscitant de vives critiques de la part de l’industrie touristique. 

Les chambres de commerce mexicaines affirment que cette taxe d’immigration — dont les passagers de croisière étaient auparavant exemptés — pourrait nuire à l’industrie des croisières, qui génère un demi-milliard de dollars par an pour le pays. 

La mesure approuvée tard mardi a déjà été adoptée par la chambre basse et entrera en vigueur en 2025. Ces changements font partie d’un projet de loi qui augmente également les frais d’immigration dans les aéroports et les droits d’entrée dans les réserves naturelles.

 

Des ports moins compétitifs?

La côte caraïbe du Mexique abrite Cozumel, le port d’escale le plus fréquenté au monde pour les navires de croisière. La Confédération nationale des chambres de commerce, des services et du tourisme a déclaré que cette taxe pourrait rendre les ports d’autres pays des Caraïbes plus compétitifs que ceux du Mexique. 

« Cela pourrait entraîner une diminution significative des visiteurs », a déclaré lundi Octavio de la Torre, président de la fédération. 

Par le passé, les passagers des croisières étaient exemptés de la taxe d’immigration, car ils dormaient à bord des navires, et certains ne descendaient même pas du bateau lors des escales. Désormais, même ces passagers devront apparemment payer la taxe de 42 $ US, selon la nouvelle loi. 

 

Limiter le surtourisme ou financer l’armée?

Des initiatives visant à limiter les croisières pour éviter le surtourisme ont vu le jour dans le monde entier, mais ce débat est dépassé dans le cas de la côte caraïbe mexicaine. 

Cozumel est depuis des années le port d’escale le plus fréquenté au monde, avec environ quatre millions de passagers par année. 

Les deux tiers des fonds récoltés iront à l’armée mexicaine, et non à l’amélioration des infrastructures portuaires. 

 

Les ports les plus chers au monde

L’Association mexicaine des agents maritimes a elle aussi dénoncé cette mesure. « Si elle est mise en œuvre, elle rendra les ports mexicains les plus chers du monde, ce qui affectera gravement leur compétitivité par rapport à d’autres destinations des Caraïbes », a déclaré l’association dans un communiqué. 

Le parti au pouvoir, Morena, fait déjà face à d’énormes déficits budgétaires pour financer ses projets, comme des chemins de fer et des raffineries, dont certains sont construits par l’armée. Le gouvernement est donc désespéré de trouver de nouvelles sources de revenus.