En ce printemps, dans les rues de Kyoto, on voit beaucoup de groupes de jeunes femmes en kimono léger, que les touristes occidentaux mitraillent, les prenant pour des figures de la Japonaise traditionnelle.
Il y a, certes, des femmes portant le kimono à Kyoto, mais ces groupes papillonnant sont en réalité des touristes chinoises revêtues d’un kimono de location fourni par les agences de voyage. Car il ne s’agit plus seulement, pour les touristes, de consommer des sites mais de « vivre » la culture japonaise.
Depuis deux ans, le tourisme dans l’archipel a connu une expansion phénoménale, Chinois en tête. Atteignant près de 20 millions en 2015, il a fait un bond de 47 % par rapport à 2014. En vue des Jeux olympiques de 2020, le gouvernement Abe entend doubler ce chiffre afin de « revitaliser les régions » – ou de détruire ce qui en faisait le charme. Kyoto en est la première victime : en raison des hordes de touristes étrangers, les visiteurs japonais ne trouvent plus de chambres d’hôtel dans cette ville, berceau de leur culture.
Pour attirer davantage de touristes, les opérateurs font feu de tout bois en jouant des clichés accrochés à l’archipel, comme les décorations d’un arbre de Noël pour transformer le pays une sorte de Disneyland du « Japon traditionnel ».
Même les ninjas, ces acrobates bondissants, revêtus de tenues passe-muraille et le visage masqué, qui grimpent le long des murs, disparaissent comme par enchantement dans un nuage de fumée...
(Source: lemonde)