Christophe Serrano, propriétaire de voyagessuperprix.com et Corpodia Voyages corporatifs

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Aujourd’hui, nous vous emmenons à la rencontre de Christophe Serrano, propriétaire de voyagessuperprix.com et Corpodia Voyages corporatifs. Découvrez son parcours et aussi comment il se prépare à la reprise, et son avis sur les changements à venir, notamment du côté des agents externes.

Quel est ton parcours avant cette crise de COVID-19 ?

Après des études universitaires en gestion des entreprises et en marketing, j’ai débuté ma carrière professionnelle dans la gestion immobilière à Paris.

Passionné de voyages, j’ai ensuite fait une courte formation en tourisme et j’ai été embauché à Nouvelles Frontières à Paris en tant que conseillers en voyages. Un an plus tard on me confiait l’ouverture d’une agence en région parisienne. Une fois lancée j’ai quitté cette agence pour diriger un des plus importants points de vente de Paris. J’ai passé 5 ans à Nouvelles Frontières et ce fut une magnifique expérience dans une super entreprise.

En 2003, départ pour le Canada où j’ai commencé à travailler pour Travelnet puis CACF Voyages. En 2005 j’ai acquis 50 % des parts de Voyages en Direct Place Victoria. De là sont nés voyagessuperprix.com et Corpodia Voyages corporatifs. Aujourd’hui je suis 100% propriétaire de l’agence.

Faut-il vraiment se réinventer en tant que propriétaire, conseiller à temps plein et agent externe ? Si oui comment ? Si non pourquoi ?

Se réinventer, oui mais partiellement et pas tout de suite.

Depuis le début de la pandémie, l’expression «  il faut se réinventer » est partout. C’est normal, car nous sommes arrêtés et nous nous demandons si notre manière de travailler était la bonne avant cette crise, et le souhait de vouloir respecter certaines valeurs surgit.

Cette réflexion est rassurante et c’est un peu une manière de faire le point, de se déculpabiliser d’avoir contribué au tourisme de masse très destructeur pour l’environnement, d’avoir aussi saturé les lieux naturels et historiques.

Mon opinion sur ce sujet est oui, il faut se réinventer, mais ne soyons pas trop impatients de vouloir tout changer dans un court terme car il y a de grandes chances que tout reprenne comme avant alors il faut être prêt.

Se réinventer c’est vouloir développer des nouveaux marchés, se lancer dans des niches, c’est un peu repartir de zéro. Alors est-ce vraiment le moment ?

Depuis un an les gens sont fatigués d’avoir à subir toutes les restrictions gouvernementales et n’attendent qu’une chose, c’est aller faire un break, se relaxer sur une plage et voir la famille éloignée. Il va y avoir une grande envie de partir rapidement, c’est humain, d’autant plus que nous n’avons jamais vécu une crise aussi longue, aussi pénible et avec autant d’incertitudes quant à l’avenir.

Nous allons devoir écouter nos clients et leur donner ce qu’ils veulent car à mon avis, ils vont se jeter sur les forfaits Sud et les billets d’avion au moins dans un premier temps.

Et nous dans tout ceci ? Eh bien nous aurons besoin de cette rentrée d’argent rapide, de ce « day to day », pour faire repartir nos agences financièrement et commencer à rembourser les prêts contractés pendant la crise.

Une fois l’euphorie du redémarrage passée, le moment de lancer tout ce que nous avons travaillé pendant la crise sera opportun et aura plus d’impact. Notre rôle sera aussi de sensibiliser les clients au « voyager différemment » en leur proposant des formules de voyages plus responsables, humaines et respectueuses. Le voyage sur-mesure fera le bonheur des agents qui savent le construire et le suggérer aux clients. Cette partie de notre métier demande de l’expérience et de la rigueur.

En tant que propriétaire d’agence j’ai établi une stratégie de renouveau en plusieurs étapes. La reprise, l’après reprise et la nouvelle « vie » . Dans un premier temps la réinvention va surtout se faire dans « le tout numérique », c’est-à-dire 0 papier, 0 brochure, une structure commerciale légère et une manière de travailler flexible et nomade avec un mix de travail à la maison et au bureau. Les rencontres de clients se feront majoritairement à distance. Ensuite, nous allons lancer des nouveaux projets autant au niveau des voyages de loisirs que corporatifs.

En conclusion, oui il faut se réinventer en tant que propriétaire ou conseiller, par contre il ne faut pas détruire tout ce que nous avons mis en place auparavant pour essayer de repartir dans quelque chose que nous ne maitrisons pas. Je pense qu’après cette crise nous allons tous avoir besoin de temps pour observer le comportement des clients et ensuite nous devrons nous adapter.

Qu’en est-il du modèle de l’agent externe qu’on connaissait avant la pandémie ? Est-ce qu’il va y avoir des changements majeurs concernant les agents externes selon toi lors de la reprise du voyage après la pandémie?

Beaucoup ont arrêté ou vont arrêter par découragement car la reprise se fait attendre. Il va très probablement rester les meilleurs, ce qui n’est pas une mauvaise chose pour nous.

Nous avons besoin de personnes qualifiées capables de répondre aux nouvelles exigences des clients.

Le modèle tel que nous le connaissions auparavant ne connaîtra pas de changement majeur et bien que le nombre de conseillers(ères) externes a diminué il ne tardera pas à retrouver son niveau d’avant la pandémie, dès que la reprise verra le jour. Le domaine du voyage fait rêver et attirera toujours beaucoup de monde.

Il y aura des changements seulement si nous, propriétaires d’agences, décidons de faire changer le système en étant plus exigeants au recrutement et en ne voyant pas seulement le potentiel financier que peut nous apporter une personne travaillant de manière autonome.

En conclusion, qu’aimerais tu dire à tes collègues de l’industrie ? 

Pour conclure, je souhaite que cette crise soit une belle piste de réflexion pour tous les acteurs du domaine. Personne ne s’attendait à subir une chute aussi vertigineuse. Toute une série de pratiques établies et complètement illogiques ont été mises au grand jour et ne nous ont pas aidées à avoir une image très positive envers le public. C’est triste que les clients n’aient pas été remboursés plus vite et que nos associations professionnelles aient eu à se battre pour que nous gardions le revenu de notre travail.

Aujourd’hui il est temps de se tourner vers l’avenir et de protéger au mieux notre belle industrie.