Réouverture de Notre-Dame-de-Paris : un forgeron québécois “gagne sa place au ciel”

Il y a un peu de savoir-faire québécois dans la version 2.0 de l’emblématique cathédrale française, comme si la Nouvelle-France lui avait prêté main forte.


C’est demain qu’a lieu la grande réouverture de Notre-Dame-de-Paris, cinq ans après l’incendie dévastateur qui l’a démolie en partie. Et un forgeron québécois a contribué à sa reconstruction.

Même si le Montréalais Mathieu Collette ne pourra pas se rendre à Paris pour voir l’église ressuscitée avant l’été prochain, il s’est dit reconnaissant d’avoir joué un petit rôle dans l’histoire de la cathédrale. « Je crois que j’ai maintenant une petite place au paradis », a-t-il déclaré en entrevue.

 

Un appel d’Alsace et puis…

Après la destruction de Notre-Dame, Mathieu Collette a reçu un appel d’un collègue forgeron travaillant en Alsace, lui demandant s’il souhaitait se rendre en Europe pour participer à la reconstruction de Notre-Dame.

À l’automne 2022, pendant quatre mois, Mathieu Collette et une équipe de sept jeunes forgerons sous sa direction ont forgé trois types différents de haches — au total, 60 exemplaires. Ces outils ont été rapidement distribués aux charpentiers qui en avaient besoin pour tailler la charpente en bois du toit, en s’efforçant de reproduire au mieux la construction originale.

Notre-Dame-de-Paris, déambulatoire ©Julio Piatti

Mathieu Collette a expliqué que les experts peuvent examiner la pierre, le bois et d’autres matériaux pour déterminer l’outil utilisé à l’origine. Pour la charpente sur laquelle Collette travaillait, il a été établi que trois types de haches différents avaient été employés.

« Chaque fois qu’une hache était terminée, elle était envoyée au charpentier, a-t-il expliqué. Nous n’avons jamais eu l’occasion de voir plus de deux ou trois haches finies en même temps, car nous étions huit à en forger autant que possible chaque jour. »

 

Un forgeron chevronné

Mathieu Collette, âgé de 49 ans, est forgeron depuis plus de 30 ans. En 1994, il s’est établi dans le sud-ouest de la France pour apprendre auprès de maîtres forgerons, avant de revenir au Québec en 1998. Il a ensuite ouvert sa propre forge avec l’aide de son père. Au fil des années, il a visité Notre-Dame à plusieurs reprises, s’émerveillant devant ses « incroyables ferronneries ».

Un autre forgeron canadien, Nicholas Patrick de Toronto, a également participé au projet, bien que Mathieu Collette ne l’ait jamais croisé.

Notre-Dame-de-Paris, La Vierge à l’Enfant ©Etienne Castelein

Le lendemain de l’incendie en avril 2019, le président français Emmanuel Macron a décrété que Notre-Dame serait restaurée en seulement cinq ans — un délai qui, au départ, intimidait même l’architecte en chef de la reconstruction, Philippe Villeneuve.

Ce décret est devenu le moteur de la restauration la plus emblématique de l’histoire moderne de la France. Cette annonce a suscité un soutien mondial sans précédent, les dons atteignant rapidement près d’un milliard de dollars.

 

Des matériaux canadiens

Un mois après l’incendie, le Premier ministre Justin Trudeau s’est rendu à Paris et a offert des matériaux canadiens pour aider à la restauration.

« Le Canada sera aux côtés de la France et offrira tout le soutien nécessaire — qu’il s’agisse d’acier, de bois ou de toute autre aide », a déclaré Trudeau. « Il s’agit véritablement d’un morceau — non seulement de l’histoire de la France — mais de l’histoire mondiale qui doit être préservé, et nous serons là pour en faire partie. »

Notre-Dame-de-Paris, Orgue ©Trung Hieu

 

Réouverture ce week-end

La réouverture débute ce week-end avec des cérémonies sur invitation seulement, réunissant des chefs d’État et de gouvernement — dont le Premier ministre du Québec François Legault — dans la capitale française. Les mesures de sécurité seront renforcées, et l’île où se trouve la cathédrale sera inaccessible aux touristes.

La cathédrale sera accessible au public dès dimanche le 8 décembre. Pour en savoir plus, c’est par ici.

La Presse Canadienne, avec Associated Press.