Survie à la pandémie et reprise du secteur: un agent de voyages d’affaires donne son point de vue

11 août 2019 – Vous ne pouvez pas sentir le sable entre vos orteils sur Zoom.

Mais vous pouvez tenir des réunions d’affaires. Vous pouvez faire des présentations et animer des salles de réunion. D’autres solutions en ligne recréent des cadres pour les salons professionnels et les conférences, où vous pouvez accueillir des milliers de personnes. L’industrie du voyage devrait le savoir. Comme tous les secteurs d’activité du monde, le secteur du voyage a utilisé Zoom et d’autres services de vidéoconférence et d’événements virtuels afin de rester connecté – B2B et B2C – au cours des 16 derniers mois de la pandémie.

Qu’est-ce que cela signifie pour les voyages d’affaires – et les agents qui les vendent ?

Lorsque la pandémie a frappé, beaucoup pensaient que les voyages d’affaires seraient parmi les premiers à s’en remettre. Puis, tout le monde a commencé à utiliser la vidéoconférence et la mise en place d’événements virtuels, et certaines entreprises ont déclaré qu’elles ne reviendraient plus aux voyages d’affaires. Zoom, en activité depuis 2012, a réalisé un chiffre d’affaires de 2,6 milliards de dollars américains en 2020, soit une augmentation de 317 % d’une année sur l’autre. Pendant ce temps, les offres en ligne pour l’organisation de conférences virtuelles se sont multipliées apparemment du jour au lendemain, un coup dur pour le secteur MICE (tourisme de réunions, incitations, conférences et expositions).

Et si le nouvel assouplissement des restrictions de voyage pour le Canada, annoncé récemment, n’est que le dernier exemple en date d’un pays prenant de grandes mesures pour rouvrir sa frontière, les politiques d’entrée dans le monde entier sont encore floues, ce qui entrave encore plus le redémarrage du voyage d’affaires. Pour le marché MICE, les délais de réservation des conférences et des événements majeurs, qui s’étalent sur plusieurs années, et les annulations qui durent depuis plus de 16 mois, sans parler de la possibilité de rétablir les restrictions sur les grands rassemblements en intérieur, compliquent encore les choses.

Tous ces facteurs font que la reprise du voyage d’affaires sera lente par rapport au voyage de loisirs. Mais il n’y a toujours pas de substitut à la rencontre en personne de collègues du secteur et de nouveaux partenaires commerciaux. Les conseillers en voyages comme Angela Landry en dépendent.

Angela Landry, agent TPI basée en Nouvelle-Écosse, a une répartition 80/20 entre les voyages d’affaires et les voyages d’agrément. « J’ai toujours été attirée par les voyages d’affaires. Je m’y consacre depuis que j’ai commencé à travailler dans ce secteur en 1988 », dit-elle.

Lorsque la pandémie s’est déclarée début 2020, « mes plus de 2 millions de dollars annuels de ventes aux entreprises sont complètement tombés à l’eau. Je n’ai eu absolument aucune réservation, pas même une réservation par semaine pendant presque une année entière », raconte Landry à notre rédaction.

Si le redémarrage des voyages d’affaires a ses défis, pour certains secteurs, les appels Zoom ne suffiront pas, dit-elle. « Cela dépend vraiment de la nature de l’entreprise. Je travaille avec de nombreuses entreprises de mode qui doivent se rencontrer en personne. Leurs clients ont besoin de sentir le tissu et de voir les échantillons en temps réel », explique Angela Landry.

Par ailleurs, l’un des clients de Mme. Landry – une grande compagnie d’assurance – se débrouille très bien avec la vidéoconférence. « Le PDG vit en France, le siège social est à Montréal et tous leurs employés travaillent à domicile, et cela fonctionne très bien pour eux. »

LES « JAMAIS PARTIS » ET LES « JAMAIS REVENUS »

L’analyse du retour des voyages d’affaires effectuée par le cabinet de conseil en gestion McKinsey & Company divise les voyageurs d’affaires de l’ère COVID en quatre catégories : les « jamais partis », les « jamais revenus », les voyageurs qui ont « peur de manquer quelque-chose » (FOMO) et les voyageurs qui « attendent de voir ».

Le groupe des « jamais partis », qui représente environ 15 % des dépenses de voyages d’affaires avant la pandémie, comprend des cadres d’entreprises manufacturières qui ont besoin de voir leurs usines et leurs installations en personne. Les « jamais revenus » (20 %) sont des adeptes de la technologie qui n’ont eu aucun problème à passer en mode virtuel pendant la pandémie.

Selon McKinsey & Company, le groupe des FOMO est le moteur de la reprise des voyages d’affaires. Représentant 60% des dépenses de voyages d’affaires avant la pandémie, ils constituent la force de vente des entreprises désireuses de consolider leurs relations avec leurs clients après la pandémie. Pour les agences de voyages comme Uniglobe, dont la part des voyages d’affaires et de loisirs est de 80/20 dans la moitié Est du Canada, les PME ont été des moteurs clés de la croissance. Uniglobe a fêté son 40e anniversaire en mars 2021 avec une série d’événements #Uniglobe40Strong.

Les voyageurs d’affaires qui « attendent de voir » complètent les quatre catégories. Le plus petit groupe, avec seulement 5 % des dépenses de voyages d’affaires avant la pandémie, le groupe qui « attend de voir » n’occupe pas des postes de vente hautement compétitifs, mais plutôt dans le secteur public et les organisations à but non lucratif.

« JE VOIS UNE LÉGÈRE AUGMENTATION DES VENTES »

Mme Landry dit qu’elle a vu l’opinion de ses clients de voyages d’affaires changer aussi. Certains « accros à la route » ont pris la pandémie comme une opportunité de rééquilibrer leur vie, souvent surchargée et jamais à la maison. Mais d’autres sont impatients de repartir en voyage, dit Mme Landry. « Certains des jeunes voyageurs veulent repartir. Et puis les plus âgés, qui ont une famille et qui ont beaucoup voyagé, sont heureux de rentrer à la maison. »

Lorsqu’on lui demande ce qu’elle entend actuellement de la part de ses clients, elle répond : « J’ai hâte de repartir en voyage ».

Mme Landry ajoute : « Je constate une légère augmentation des ventes… les gens se sentent plus en confiance avec la vaccination et la diminution des cas de COVID. Ce que je crains, c’est que les entreprises se soient rendu compte des économies très intéressantes qu’elles pouvaient réaliser. Elles ont remplacé les réunions en face à face par des réunions Zoom et des sessions de formation en ligne. Certaines de mes entreprises clientes ont économisé jusqu’à 25 000 dollars par mois grâce aux employés qui travaillent à domicile et ne voyagent pas. »

L’un des clients de Landry, la compagnie d’assurance au Royaume-Uni, économise un million de livres sterling par mois. « Nous ne pouvons pas ignorer cela », dit-elle.

Source : Kathryn Folliot pour le groupe Travelweek/Profession Voyages