Un couac dans le CUEC : « Au lieu de radier en partie les prêts, le gouvernement impose des intérêts »

Un couac dans le CUEC : « Au lieu de radier en partie les prêts, le gouvernement impose des intérêts » – Wendy Paradis, présidente de l’ACTA


Le diable est dans les détails, dit-on. En lisant les petits caractères de l’annonce sur le programme CUEC (Compte d’urgence pour les entreprises canadiennes), la semaine dernière, l’ACTA et d’autres acteurs de l’industrie sont restés sur leur faim, déçus et frustrés.

Le 15 septembre, le gouvernement fédéral prolongeait le délai de remboursement des prêts CUEC, fournissant ainsi une année supplémentaire de répit pour rembourser ce prêt à terme, tout en accordant davantage de flexibilité aux détenteurs de prêts qui chercheraient à bénéficier d’une radiation partielle (pouvant aller jusqu’à 33 %).

Quand Justin Trudeau a fait cette annonce, laquelle visait notamment les agences de voyage et les conseillers en voyage, tout le monde s’est d’abord réjoui. « L’ACTA et de nombreuses autres associations d’entreprises étaient alors ravies d’apprendre cette mesure de soulagement temporaire, qui offrait de l’espoir aux entreprises lourdement endettées et qui avaient du mal à rembourser leurs prêts », explique Wendy Paradis, présidente d’ACTA.

Mais à mesure qu’on découvrait les détails de cette annonce sur le site du ministère des Finances, certains ont commencé à déchanter. « Bien que plus de temps soit offert pour rembourser les prêts CUEC, le gouvernement a retiré l’élément-clé du programme – la radiation partielle du prêt sans intérêt (ce qui peut atteindre 60 000 dollars) – si les entreprises remboursent la totalité du montant avant la date limite », poursuit Wendy Paradis.

« Au lieu de la reporter à une nouvelle date limite, le gouvernement n’offre qu’une prolongation de 18 jours pour y être éligible, soit jusqu’au 18 janvier 2024, précise-t-elle. Si le prêt n’est pas remboursé à cette date, les prêts CUEC impayés seront gérés par les institutions financières et soumis à un intérêt de 5 %. Au lieu d’accorder une radiation partielle, le gouvernement impose des intérêts. C’est inacceptable. »

Bien que l’ACTA soit reconnaissante envers le gouvernement pour avoir accordé de tels délais pour rembourser les prêts CUEC et FARR (Fonds d’aide et de relance régionale), l’Association estime que le remboursement de la portion du prêt sans intérêt devrait également être prolongé.

Selon un récent sondage de l’ACTA, les agences de voyage et les conseillers en voyages indépendants sont toujours aux prises avec une dette importante en raison de la pandémie. Pas moins de 27 % des entreprises doivent ainsi 100 000 dollars et plus, 56 % doivent rembourser un minimum de 50 000 dollars et 80 % ont accumulé au moins 10 000 dollars de dettes. En outre, 36 % des répondants croient qu’il est probable ou assez probable que leur entreprise ferme au cours des trois prochaines années.

Avec la rentrée parlementaire cette semaine, Wendy Paradis mettra davantage de pression sur le gouvernement et ce, jusqu’en décembre. « Nous devons lui faire comprendre que cette prolongation du CUEC est loin d’être suffisante pour aider nos membres, dit-elle. Nous continuerons à travailler aux côtés d’autres acteurs de l’industrie pour que le message passe. » Entamés le 29 août par une campagne d’envoi de lettres, ses efforts se concentreront sur le gouvernement du Canada, ses députés et la ministre des Finances Chrystia Freeland, de même que sur d’autres membres du cabinet.

L’ACTA demande ainsi que la date limite de remboursement des prêts CUEC et FAAR soit prolongée de deux ans, soit jusqu’au 31 décembre 2025, et que le gouvernement prolonge immédiatement l’accès à la portion du prêt sans intérêt et non-remboursable et ce, pour les deux programmes.

L’ACTA plaidera également en faveur d’un allègement des prêts fédéraux du PCSTT (Programme de crédit pour les secteurs très touchés), bien que les modalités de ce programme diffèrent de celles du CUEC et du FAAR.