WestJet reporte l’intégration de Sunwing à 2025

Aux prises avec la pénurie de pilotes, des turbulences syndicales et des retards de livraison de Boeing, le transporteur de Calgary n’a d’autre choix que d’agir de la sorte.


WestJet annonce qu’elle intègrera finalement la flotte de Sunwing à sa propre flotte d’ici la fin du mois d’avril 2025, soit six mois après la date initialement prévue du 26 octobre 2024.

D’ici là, les deux compagnies aériennes continueront d’opérer suivant leur « fonctionnement habituel » pour leurs horaires de vols d’hiver, explique la porte-parole de WestJet, Madison Kruger.

L’annonce survient alors que les pénuries de pilotes continuent de perturber l’industrie du transport aérien. Le retard est par ailleurs dû en partie à la formation des pilotes du transporteur, précise Rick Jones, chef par intérim de la planification des itinéraires de WestJet. Mais les turbulences syndicales y seraient également pour quelque chose.

« Puisque la sécurité, les employés et les passagers sont au cœur de ses préoccupations, le groupe WestJet entend intégrer autant que possible Sunwing Airlines d’ici la date initiale d’octobre 2024, indique Madison Kruger. Le groupe prévoit que les membres opérationnels syndiqués seront intégrés de manière progressive pour répondre aux calendriers de formation et de transition des avions d’ici le 27 avril 2025. »

 

Tribulations syndicales

La lutte pour la hiérarchie des travailleurs parmi les pilotes censés voler sous la même bannière reste un point de discorde, explique John Gradek, qui enseigne la gestion de l’aviation à l’Université McGill. « Il y a un problème syndical », constate-t-il.

Les deux groupes de pilotes sont représentés par différents syndicats — l’Association des pilotes de ligne aérienne chez WestJet et Unifor chez Sunwing. « Vous avez un capitaine avec 20 ans d’expérience chez Sunwing qui va être intégré chez WestJet, poursuit John Gradek. Sera-t-il considéré comme tel chez WestJet, ou va-t-il se retrouver au bas de l’échelle?, s’interroge l’expert. C’est la même situation qu’a vécue Air Canada lorsqu’elle a acquis Canadian Airlines il y a 25 ans. »

WestJet a acquis Sunwing et ses divisions de vacances en mai dernier, dans une importante consolidation du marché canadien de l’aviation. Sunwing Vacations/Vacances Sunwing continuera en tant que marque distincte.

 

Retards de Boeing

Pendant ce temps, WestJet fait face à des retards supplémentaires sur des dizaines de livraisons d’avions Boeing, en attente depuis la perte d’une porte-bouchon d’un B737 Max d’Alaska Airlines, en janvier dernier, ce qui a entraîné la suspension de l’expansion de la production chez l’avionneur états-unien.

WestJet a signé des accords de plusieurs milliards de dollars avec Boeing pour au moins 65 avions — dont 50 appareils 737 Max 10 — d’ici 2029, un « tournant » pour le transporteur qui comptait ainsi réduire les coûts de carburant pour soutenir sa croissance.

Mais le Max 10 n’a toujours pas reçu sa certification finale et, après l’incident d’Alaska Airlines, les régulateurs états-uniens ont suspendu l’expansion de la production chez Boeing jusqu’à la fin de l’enquête, un processus qui pourrait prendre plus d’un an.

 

Compensations demandées

Interrogé sur la possibilité de compensations pour WestJet, le président de Boeing, Brendan Nelson, a déclaré que « dans ce cas particulier, il y a des discussions que nous avons directement avec nos clients. »

Certains experts estiment que Boeing pourrait devoir offrir des remises aux compagnies aériennes comme WestJet, qui gagnent moins en raison des anciens avions moins efficaces dont elles disposent, et en l’absence de nouvelles livraisons.

« Au lieu de payer 250 millions de dollars pour un 787-9, on veut que ce soit 150 millions de dollars, dit John Gradek. L’avenir de Boeing s’annonce beaucoup moins rentable en raison des transporteurs qui demandent des remises significatives sur les avions déjà commandés. »

Le mois dernier, United Airlines a déclaré qu’un accord avec Boeing fournirait à la compagnie des « mémos de crédit » pour de futurs achats afin de compenser les dommages financiers causés par une immobilisation de trois semaines de ses 737 Max 9 et les livraisons rééchelonnées. Ces mémos de crédit sont des reconnaissances écrites que l’acheteur a droit à un remboursement.