18 février 2021 — Suite aux récentes mesures contre les voyages non-essentiels annoncées par le gouvernement canadien, Jean-Marc Eustache, président et chef de la direction de Transat, a délivré un message fort. Dans une lettre ouverte publiée sur Le Devoir, il rappelle la philosophie de la compagnie Transat et s’exprime sur la crise Covid-19 et la stratégie adoptée par le gouvernement pour la contrer. Pour Jean-Marc Eustache, il est vital d’agir dès maintenant afin de sauver l’industrie aérienne et touristique. Le Canada doit impérativement rester relié au monde, au risque de subir des conséquences durables.
Préserver l’industrie du voyage, c’est préserver notre lien avec le monde
“Il y a plus de quarante ans, j’ai débuté ma carrière en dirigeant une petite agence de voyage destinée aux étudiants québécois, parce que j’avais la conviction qu’il fallait leur permettre de découvrir le monde. Cela m’a amené à fonder ce qui allait devenir Transat et sa filiale Air Transat, plusieurs fois désignée aux cours des dernières années comme la meilleure compagnie aérienne vacances au monde.
Œuvrer dans le domaine du voyage, c’est faire face à des crises tout au long de son existence. Crises économiques, climatiques, politiques ou bien sûr sanitaires, Transat en a connu son lot et les a surmontées au fil des années.
Et puis est arrivé la COVID-19, qui apporte des bouleversements bien plus grand que tous ceux que nous avons connus auparavant. Depuis presque un an, les déplacements internationaux sont réduits à la portion congrue, avec des effets dévastateurs sur tous les acteurs du voyage. Compagnies aériennes, aéroports, sous-traitants, agences de voyages et entreprise du tourisme souffrent comme jamais.”
Dans cette lettre ouverte, le président de Transat évoque les polémiques et le travel bashing qui a frappé le secteur touristique après les fêtes de fin d’année. La tendance anti-voyage s’est développée, alors que les voyages en avion ont été et restent des déplacements sécuritaires.
“Au cours des dernières semaines, alimentée par quelques images de touristes irresponsables qui ne respectaient pas les mesures d’hygiène pandémique les plus élémentaires, s’est développée toute une rhétorique contre le voyage en avion. Cette peur est à présent alimentée par l’existence de nouveaux variants, dont on craint qu’ils soient introduits par avion au Canada, malgré tous les efforts faits par l’industrie pour que le voyage soit sécuritaire et malgré le fait que les arrivées internationales sont aujourd’hui bien plus nombreuses à la frontière terrestre qu’aux aéroports. En conséquence, le gouvernement nous a demandé d’interrompre tous nos vols vers le Sud jusqu’au 30 avril, et nous avons accédé à sa demande, ce qui nous contraint à suspendre la totalité de nos opérations, qui ne peuvent être maintenues pour quelques vols par semaine.”
Jean-Marc Eustache poursuit en constatant la souffrance sans précédent du secteur aérien et ce depuis presque un an. Le résultat est sans appel, selon lui, il faut agir au plus vite, sans se couper du monde :
“C’est pourquoi il est urgent que le Canada cesse de mener une politique à courte vue. On ne peut pas se contenter d’empêcher les canadiens de voyager ou de les exhorter à ne pas voyager sans se soucier des conséquences. Les mesures annoncées ont le mérite de clarifier la situation immédiate. Il est maintenant urgent de préparer un plan clair pour le futur.”
Jean-Marc Eustache n’oublie pas le sort des autres professionnels du voyage :
“Il faut définir la manière dont on va s’assurer que les entreprises du voyage, les compagnies aériennes, les aéroports, les voyagistes, les agences de voyages et tous les acteurs de la chaîne vont disposer des liquidités nécessaires pour survivre à la crise, rembourser leurs clients qui n’ont pas pu voyager, préserver leurs compétences, leurs ressources humaines et leurs capacités à opérer.”
Après avoir salué la mise en place des tests aux aéroports, qui selon lui est “un pas dans la bonne direction”, il conclut par ces mots :
“Nous avons déjà beaucoup trop tardé. Ne nous replions pas sur nous-mêmes et assurons-nous de préserver notre lien avec le monde. Si le gouvernement semble enfin vouloir engager le dialogue, nous serons là pour le mener. C’est urgent, et c’est vital.”
Source : Le Devoir.