Banc d’essai : la classe Affaires d’Air France

Pour son 90e anniversaire, le transporteur français continue d’améliorer sa classe Affaires. Et nous l’avons récemment (re)testée.


L’automne dernier, j’ai pu expérimenter la classe Affaires d’Air France, vers et depuis Paris.

Je n’étais pas en terrain inconnu : ces 25 dernières années, j’ai eu l’occasion à quelques reprises d’accéder à cette classe à part qui permet autant de profiter des petits plaisirs de la vie que de maximiser ses chances d’arriver frais et dispos à destination.

Bien que je savais plus ou moins à quoi m’attendre, j’ai tout de même été surpris à plus d’un égard; en fait, à chaque fois que je réessaie cette classe, je ne peux que constater qu’elle va en s’améliorant.

Côté confort et intimité, les modules sont presque devenus de petites capsules d’isolement privatif, sur certains vols, surtout quand le siège est incliné à plat pour devenir un véritable lit à 180 degrés ou qu’une petite porte permet de s’isoler du couloir.

À l’aller comme au retour, je me suis senti bien isolé, mon voisin de siège étant devenu littéralement inexistant grâce au panneau séparant nos deux habitacles – quoique j’aurais pu faire glisser ce panneau et communiquer s’il s’était agi de ma conjointe ou de l’un de mes enfants qui était assis à côté.

 

Des plats de haut vol

Au rayon de la gastronomie, Air France a multiplié les collaborations avec de grands chefs, souvent étoilés, ces dernières années. Depuis, de nouvelles cohortes de toqués se prêtent régulièrement au jeu délicat de concocter des mets qui sauront garder leurs propriétés gustatives à 10 000 m d’altitude – ce qui n’est pas rien.

À l’aller, j’ai ainsi pu me délecter des petits plats mitonnés avec soin selon les consignes d’Olivier Perret, chef du restaurant Renoir du Sofitel Montréal, Maître cuisinier de France et deux Toques dans le guide Gault & Millau. Et la carte de vins? Impecc’, comme on pouvait s’y attendre de la part de celui qui l’a élaborée, à savoir Paolo Basso, meilleur sommelier du monde en 2013.

Lors du vol du retour, les plats étaient cette fois signés Thierry Marx (2 étoiles Michelin) : purée de carottes cumin, butternut rôti et noisettes torréfiées comme mise en bouche; tourteau à la pomme verte et céleri, cèpes et pois gourmands sur crème de fèves et d’avocat en entrée; et crevettes sauce gingembre et citronnelle, pâtes risoni à l’encre de seiche en plat principal.

Certes, j’aurais pu flancher pour le paleron de bœuf et son jus réduit ou pour les pâtes conchiglie, poire, Fourme d’Ambert et noix, mais bon, le vol durait moins de 7 heures…

Le tout était servi dans de la porcelaine Guy Degrenne avec des couverts Christofle en acier, rien que ça. Exit les ustensiles en bois si désagréables au contact de la langue.

 

Une cabine hors pair

C’est lors de ce vol de retour que la configuration de l’appareil, un Boeing 777-300, est celle qui m’a le plus plu – bien que celle de l’A350 semble tout aussi épatante.

J’ai vraiment aimé tout l’espace disponible, à la fois intime et enveloppant, l’immense écran 4K pour visionner la vaste sélection de films ainsi que la disposition du siège-lit, en diagonale, avec un beaucoup d’espace pour les pieds sous l’écran.

Long de près de 2 mètres, le lit est bien moelleux et intègre un accoudoir qui s’abaisse totalement, ce qui donne plus de latitude pour dormir autrement que couché sur le dos, les bras le long du corpse, comme c’est souvent le cas de certaines classes affaires. Quant aux pauses-pipi, pas de danger d’emberlificoter son voisin si on est assis au milieu : il n’y a pas de milieu, chaque passager disposant d’un accès direct au couloir (sauf sur les A330).

 

Des détails qui font la différence

J’ai aussi bien apprécié l’espace de travail et de rangement, avec son petit coffret personnel pour larguer ses objets du quotidien, la prise électrique universelle et les ports USB individuels, le poste de recharge sans fil pour téléphone, le casque audio réducteur de bruit et la petite liseuse orientable.

Enfin, au sein de cet environnement ultraconfo, j’aurais pu dormir à souhait mais comme à chaque fois que je prends place à bord de la classe Affaires d’Air France, je me fais happer par la riche sélection de films au programme.

Il y a de tout pour tous : au moment d’écrire ces lignes, je pourrais aussi bien écouter des films fraîchement oscarisés (Killers of the Flower Moon, Anatomie d’une chute…) ou primés à Cannes (La passion de Dodin bouffant…) qu’un blockbuster (The Marvels…) ou les derniers Almodovar ou Moretti.

 

Passez donc au(x) salon(s)

Le plaisir de la classe Affaires débute bien avant l’embarquement, au salon. Avant de partir (tant à l’aller qu’au retour), j’aurais pu commander un repas d’un chef étoilé qu’on m’aurait servi à l’un des petits espaces privatifs aménagés au salon (moyennant un certain statut ou quelques milliers de points Flying Blue).

 J’ai préféré improviser : après avoir passé en revue la presse française et internationale (plus de 200 titres accessibles grâce à une appli gratuite), m’être dénoué les jointures à l’une des consoles Play Station (on n’est jamais trop vieux pour ne plus être jeune) et avoir abattu un peu de boulot à l’un des postes de travail, deux gentils préposés m’ont abordé pour m’offrir canapés, bouchées et flûte de champagne – du vrai, il va sans dire : même pas eu besoin de me lever pour passer au bar et au buffet.

 

Buffets garnis

Je me suis tout de même donné la peine d’aller jeter un œil sur le buffet, surtout qu’il était garni à profusion de délectables victuailles : foie gras, tartare de saumon, tarte tatin, mais aussi une sélection du célébrissime Alain Ducasse, y compris là où on ne l’y attend pas, avec un burger 100 % végétalien à base de courgettes, panais, lentilles, quinoa et autres caviars d’aubergine.

Par la suite, la perspective de prendre une douche m’a bien traversé l’esprit – surtout qu’elles sont bien spacieuses à Charles-de-Gaulle – mais j’étais déjà lessivé par dix jours de bourlingue et j’avais plutôt envie de profiter de la machine à espresso, maintenant que j’avais trouvé le bon salon.

 

5 salons à Paris

Car il peut être difficile de s’y retrouver, à l’aéroport Charles-de-Gaulle, quand vient le temps de choisir son salon. Si l’un d’eux est réservé aux clients de la classe Première (c’est d’ailleurs le seul au monde), pas moins de cinq salons sont aménagés pour les bons soins des (nombreux) clients de la classe Affaires d’Air France.

Rien qu’au terminal E, on en compte trois (halls K, L et M, la pognez-vous?). Outre les services habituels (excellents buffets chauds et froids, vino et champagne, douches, jeux, etc.), on y propose des espaces de relaxation et un espace de soins Clarins, pour des massages faciaux et autres délicates petites attentions pour visages flétris par la fatigue. Au hall L, il est même possible de passer au sauna, c’est dire…

Au terminal 2F, l’impressionnant salon signé Jouin Manku s’étend sur deux niveaux reliés par un imposant escalier et éclairé par « l’œil de piste », une colossale fenêtre courbée « comme une bulle de sérénité au cœur de l’aéroport ».

Pour satisfaire ses papilles, ce sont cette fois les chefs François Adamski (Bocuse d’Or et Meilleur Ouvrier de France) et Amandine Chaignot qui signent certains plats du salon, où se trouve par ailleurs un autre espace Clarins.

Outre les détenteurs d’un billet en classe Première et Affaires Flex ou Standard, les membres Flying Blue Platinum, Flying Blue Gold ou SkyTeam Elite Plus peuvent aussi accéder aux salons, en compagnie d’une personne qui voyage sur un vol Air France, KLM ou SkyTeam qui part le même jour. À noter que les enfants de moins de 18 ans peuvent accompagner un voyageur Flying Blue Platinum, sans limite de nombre.

 

Des salons plus accessibles qu’on le pense

Cela dit, pas besoin d’être en classe Affaires ou un voyageur ultraplatine laminé or pour accéder au salon d’Affaires de Montréal-Trudeau ou de Charles-de-Gaulle : quand les lieux ne sont pas complets ou qu’ils ne s’apprêtent pas à l’être, il est possible d’y accéder pour moins de 50 $ (à Montréal) ou 75 euros/15 000 points (à Paris) grâce à l’Option Salon, qu’on peut aussi réserver en ligne.

Au prix où sont les flûtes de champagne, la morue Thermidor et les fromages AOC (à supposer qu’on puisse en trouver ailleurs à l’aéroport), et quand on réalise tous les avantages (douches, espaces de relaxation, jeux…), le choix se fait évident entre rester dans les aires publiques et s’offrir les petits (et grands) plaisirs des salons d’affaires d’Air France…

airfrance.ca