Les membres du syndicat des pilotes de la filiale régionale de WestJet ont voté à 97 % en faveur d’un mandat de grève après que les négociations aient pratiquement abouti à l’impasse.
Les pilotes de WestJet Encore pourraient déclencher une grève dès le 17 avril prochain, après avoir approuvé un mandat de grève à 97 %, ce mardi 2 avril.
Accordé après un vote de 89 % des pilotes, ce mandat fait suite à l’échec des négociations sur les salaires, les horaires et la progression de carrière, explique l’Association des pilotes de ligne (ALPA). « Ce que cela me fait comprendre, c’est que nos pilotes sont frustrés », constate Carin Kenny, qui dirige la section WestJet Encore du syndicat.
Les 355 pilotes que celui-ci représente pourraient quitter le tarmac 72 heures après que la direction syndicale ait déposé un préavis de grève. Celle-ci ou un lock-out ne peuvent avoir lieu qu’après une période de 21 jours, laquelle a débuté lorsque la conciliation fédérale entre les deux parties s’est terminée, la semaine dernière.
Des pilotes sous-payés
WestJet Encore emploie les pilotes régionaux les moins bien payés au Canada, ce qui pousse certains à chercher du travail ailleurs, dit Carin Kenny.
La pénurie de pilotes qui persiste chez Encore rend difficile la transition vers WestJet, dont les pilotes sont mieux rémunérés, puisque l’équipage de vol des quelque 35 avions De Havilland Dash 8-400 est nécessaire au transport régional.
« Présentement, il n’y a pas de relève, surtout chez les commandants, explique Carin Kenny. Ceux qui quittent ne sont pas remplacés et ce sont généralement les commandants qui ont assez d’ancienneté qui passent chez WestJet. C’est un peu un cercle vicieux. »
Même si Encore recrute de nouveaux pilotes, « le problème, c’est qu’ils ne restent pas, poursuit la représentante syndicale. Ils acquièrent de l’expérience, puis ils vont ailleurs — chez Porter, Jazz, Flair ou Air Canada, ou même à l’étranger. »
Réactions de la direction
Le président de WestJet Airlines, Diederik Pen, a déclaré qu’un vote d’autorisation de grève marque une étape courante des syndicats dans le contexte des négociations de travail.
« Nous sommes fermes dans notre engagement à conclure un accord avec l’ALPA, qui aborde les préoccupations de nos pilotes d’Encore, afin que nous puissions continuer à exploiter des services aériens nécessaires à des millions de Canadiens », a-t-il déclaré dans un communiqué.
L’an dernier, WestJet a évité de justesse une grève après que des pourparlers avec un autre groupe de pilotes aient été entamés à la dernière minute, incitant la compagnie aérienne à annuler plus de 230 vols en prévision d’une action syndicale, avant qu’un accord ne soit conclu quelques heures avant la date limite de la grève.
Un précédent et des retards de livraison
L’accord collectif avec les pilotes de WestJet et de sa filiale Swoop — mais pas de WestJet Encore — a donné lieu à une augmentation de salaire de 24 % sur quatre ans.
En juin dernier, WestJet a annoncé qu’elle mettait fin aux activités de Swoop et qu’elle intégrerait les opérations de la compagnie aérienne à bas prix sous sa bannière principale.
Les potentielles perturbations des activités de WestJet Encore surviennent alors que le deuxième plus grand transporteur du Canada fait face à des retards sur des dizaines de nouvelles livraisons d’avions.
L’incident du Boeing d’Alaska Airlines, en début d’année, a en effet repoussé la certification du Boeing Max 10, alors que le constructeur aéronautique américain fait face à un examen approfondi de la part des régulateurs.